Le Rassemblement national (RN) a pris ses distances vis‑à‑vis de la journée de mobilisation « Bloquons tout » annoncée pour le 10 septembre. Interrogée vendredi 22 août par l’Agence France‑Presse (AFP), la députée Edwige Diaz, vice‑présidente du parti, a affirmé que le RN « n’a pas vocation à être l’instigateur [ni] l’organisateur de manifestations » et ne donnera pas de consigne à ses sympathisants.
Un mouvement né sur les réseaux et largement soutenu à gauche
Le mouvement « Bloquons tout », né sur les réseaux sociaux, a été ces derniers jours le bénéficiaire d’élans de soutien venant de la gauche parlementaire. La France insoumise a annoncé son soutien, rapidement suivi par les écologistes, le Parti communiste et le Parti socialiste. Selon Edwige Diaz, la récupération politique par La France insoumise affaiblirait la dynamique du mouvement : « Jean‑Luc Mélenchon ne pouvait pas faire un plus beau cadeau à Emmanuel Macron », a‑t‑elle déclaré, estimant que cette récupération contribuerait à « démonétiser » la manifestation et à dissuader des personnes d’y participer.
Le RN insiste sur la distinction entre appui aux revendications et organisation d’actions de rue. « Notre rôle en tant que parti politique est d’apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut‑parleur », a ajouté la députée de Gironde, résumant la position officielle du parti : reconnaître des motifs de colère sociale sans se substituer aux collectifs qui appellent à bloquer le pays.
Liberté d’action des adhérents et craintes de débordements
Edwige Diaz a rappelé que « nos adhérents et nos électeurs sont libres de faire ce qu’ils veulent », tout en exprimant une forte inquiétude sur la tenue des cortèges. Elle a pointé, selon ses propos relayés par l’AFP, la crainte de débordements et d’actes violents, disant « douter de la capacité » du « ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau », à empêcher l’intrusion de black blocs et à prévenir « les risques de casse de mobilier urbain ou de vitrines d’entreprises ».
Dans la même intervention, la responsable du RN a mis en avant une lecture sociale de l’impact des actions prévues : « Finalement, c’est la France qui travaille, qui souffre et qui a des revendications légitimes qui risque d’être lésée », a‑t‑elle insisté, ajoutant que si le RN « avait été au pouvoir il n’y aurait pas eu de mouvement Bloquons tout le 10 septembre » — une analyse présentée comme un constat politique et non comme une description factuelle des événements à venir.
La ligne du RN : défendre les classes populaires sans appeler à la rue
Sur Europe 1, le député RN Thomas Ménagé a réaffirmé la même ligne : le parti ne se positionnera pas comme initiateur d’un mouvement social. « On n’est pas là pour prendre position sur des mouvements sociaux, on a été élus autour de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale pour défendre les positions des Français, des classes populaires, des classes moyennes, de ceux qui bossent, des retraités, de ceux qui n’en peuvent plus qu’on vienne les taxer », a‑t‑il déclaré.
Le député a conclu son intervention par un appel au calme en des termes très directs, invitant à ne pas « bordéliser le pays ». Cette expression illustre la volonté du RN de se démarquer des formes de mobilisation qu’il estime contre‑productives ou dangereuses pour l’ordre public et pour les citoyens qui, selon le parti, supportent déjà des contraintes économiques.
En synthèse, le RN maintient une position duale : reconnaître et reprendre les griefs sociaux invoqués par les manifestants potentiels, tout en refusant d’endosser le rôle d’organisateur. Le parti affiche sa préférence pour des réponses politiques institutionnelles plutôt que pour une participation coordonnée aux actions de rue annoncées pour le 10 septembre.