Ce jeudi 16 octobre 2025, l’Assemblée nationale a rejeté la première motion de censure déposée par La France insoumise, offrant un répit politique au Premier ministre et à son gouvernement. La motion a obtenu 271 voix pour, alors que la majorité requise s’élevait à 289 voix — soit un écart de 18 voix.
Un vote serré et des réactions immédiates
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, s’est dite soulagée et a souligné l’importance d’une stabilité gouvernementale : « C’est important pour tous nos compatriotes que nous ayons une stabilité gouvernementale qui puisse s’installer », a-t-elle déclaré, se réjouissant que les débats puissent désormais commencer en commission puis en hémicycle sur le budget.
Du côté de l’opposition, Mathilde Panot, cheffe des députés Insoumis, a annoncé la redépose d’une motion visant la destitution du président de la République : « Nous redéposons donc une motion de destitution du président de la République aujourd’hui », a-t-elle déclaré au moment de l’annonce des votes.
Le texte précise par ailleurs qu’une seconde motion, déposée par le Rassemblement national, devrait également être rejetée. Le caractère serré du scrutin met cependant en évidence la fragilité de la majorité parlementaire et la polarisation des groupes.
Le Premier ministre : suspension de la réforme des retraites et message sur le budget
Le Premier ministre, qui a présenté la veille son projet politique aux sénateurs, a confirmé notamment la suspension de la réforme des retraites et l’abandon du recours à l’article 49.3, ce qui lui vaut selon le texte un « répit politique ».
Lors de son discours général mardi 14 octobre, le dirigeant, âgé de 39 ans, avait détaillé le contenu initial du budget pour 2026. Il a indiqué que, dans la copie proposée par le gouvernement, le déficit serait « réduit à 4,7% du PIB contre 4,6% suite au retrait de la suppression des deux jours fériés ». Le Premier ministre a cependant laissé une marge de négociation avec le Parlement, précisant que « dans tous les cas, à la fin de la discussion budgétaire, ce déficit devra être à moins de 5% du PIB ».
Il a aussi lancé un avertissement aux oppositions : « Ne prenez pas en otage le budget de la nation et de la sécurité sociale ». Dans le même exercice, il a tempéré son intervention par ces mots : « Je ne ferai pas de long discours. Ce que je retiens, c’est que notre esprit de compromis est le meilleur détecteur de la bonne foi. »
Enjeux européens et contraintes budgétaires
Le gouvernement rappelle que l’Union européenne impose des critères de discipline budgétaire fixés dans les années 1990 : ne pas dépasser 3% du PIB pour le déficit public et 60% du PIB pour la dette publique. Inscrites dans le Pacte de stabilité et de croissance, ces règles ont été révisées en avril 2024, selon le texte, offrant certaines flexibilités.
Le Premier ministre a annoncé l’objectif de ne pas repasser sous la barre des 3% avant 2029. Le document mentionne que son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà utilisé l’une des flexibilités introduites dans la réforme de ce pacte pour gagner du temps sur le retour à un équilibre conforme aux objectifs de l’Union européenne.
Conséquences parlementaires et perspectives
La procédure de motion de censure, instaurée par la Constitution de 1958, constitue un instrument de contrôle du pouvoir exécutif par l’Assemblée nationale. Son adoption nécessite la majorité absolue des membres de l’Assemblée : la moitié plus un. Seuls les suffrages « pour » sont comptés ; les abstentions ne sont pas retenues.
En cas d’adoption, le gouvernement doit démissionner. À l’inverse, le rejet des motions ouvre la voie aux débats parlementaires sur le projet de loi de finances pour 2026 à l’Assemblée nationale, des discussions qui s’annoncent déjà tendues, selon le compte rendu.
Le texte mentionne également des votes frondeurs au sein du Parti socialiste et chez Les Républicains, ainsi que l’appel d’un député socialiste, Laurent Baumel, en faveur de nouvelles concessions budgétaires — concession qui, selon le document, avait été conditionnée au soutien du parti au gouvernement sur la suspension complète de la réforme des retraites.
Le rejet des motions de censure ne met pas fin aux tensions : il reporte la confrontation sur le budget et sur la capacité du gouvernement à rassembler une majorité stable. Les négociations parlementaires sur le budget 2026, indique le texte, s’annoncent décisives pour la suite de la législature.
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