Le débat public entre l’exécutif et une partie des médias appartenant à la « galaxie Bolloré » a pris, en début de semaine, une tournure très visible et symbolique. Dans une courte vidéo diffusée sur le réseau social X et validée par Emmanuel Macron, l’Élysée a répondu lundi 1er décembre dans la soirée à ce que la présidence qualifie d’« offensive » menée par ces médias, le Rassemblement national (RN) et une partie de la droite.
Réplique de l’Élysée et accusation de « désinformation »
La vidéo publiée par la présidence ironise sur les termes employés par ses détracteurs en écrivant : « Pravda ? Ministère de la vérité ? Quand parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation… ». Par ce choix de mots, l’Élysée entend contester le récit selon lequel le gouvernement chercherait à contrôler ou à encadrer l’information publique.
Cette intervention intervient après plusieurs jours de montée en tension dans le paysage médiatique et politique, et vise à recentrer le débat sur la question de la lutte contre la désinformation, tout en dénonçant ce que la présidence présente comme des attaques rhétoriques et une instrumentalisation politique des médias concernés.
Critiques publiques et gros titres
Le matin même de la diffusion de la vidéo, Pascal Praud, animateur vedette de CNews et de la station Europe 1, avait publiquement critiqué, dans son éditorial, la démarche de l’exécutif. Il y dénonçait « la tentation autoritaire d’un président mécontent du traitement médiatique et qui souhaite imposer un récit ».
La veille, le Journal du dimanche (JDD) avait titré en une : « Emmanuel Macron : vers un contrôle de l’information », évoquant l’idée — présentée dans ces médias comme une « volonté » — d’un possible « labellisation » de l’information et la création d’un « ministère de la vérité ». Ces formulations ont largement contribué à amplifier la polémique et à en faire un sujet central des discussions politiques et médiatiques de la journée.
La dénégation présidentielle en conseil des ministres
Face à ces accusations, Emmanuel Macron a clairement répondu mardi 2 décembre, en Conseil des ministres. Le président a nié toute intention gouvernementale de créer un label destiné à la presse : « Le gouvernement ne va pas créer tel ou tel label destiné à la presse », a-t-il affirmé.
Il a en outre récusé explicitement l’idée d’un « ministère de la vérité » : « encore moins de ministère de la vérité », a-t-il lancé, ajoutant que « ce n’est pas, ce ne sera jamais son rôle de le faire ». Ces déclarations visent à couper court aux interprétations qui présentent l’action publique comme une tentative de contrôler l’information au sens institutionnel.
Enjeux et interprétations
Cette séquence illustre plusieurs tensions récurrentes entre l’État, les médias et les acteurs politiques. D’un côté, la présidence met en avant la nécessité de lutter contre la désinformation, sujet devenu central pour les institutions publiques et les autorités. De l’autre, des médias et des figures politiques y voient le risque d’une ingérence ou d’une normalisation du contrôle de l’information par le pouvoir.
La rhétorique utilisée par chaque camp — accusations de « ministère de la vérité » pour les uns, dénonciation de « désinformation » pour l’autre — alimente une polarisation où la définition même de ce qui constitue une information vérifiée ou manipulée devient un point de friction. Sans éléments nouveaux et vérifiables au-delà des déclarations publiques, le débat reste largement d’ordre politique et rhétorique.
Ce que disent les faits cités
Les éléments factuels disponibles dans cette affaire sont d’une part la publication d’une vidéo de l’Élysée sur X, datée du lundi 1er décembre dans la soirée et validée par le président, et d’autre part des déclarations publiques successives : l’éditorial de Pascal Praud le matin même, la une du JDD la veille, puis la réponse formelle d’Emmanuel Macron en Conseil des ministres le mardi 2 décembre où il a démenti toute intention de créer un label ou un ministère dédié au contrôle de l’information.
Au regard de ces faits, la situation relève pour l’heure d’un affrontement d’arguments et d’interprétations publiques. Les citations et les dates données permettent de reconstituer la chronologie des échanges sans, toutefois, établir autre chose que des prises de position publiques et des démentis officiels.
La suite du débat dépendra principalement d’éléments concrets nouveaux : propositions législatives, textes officiels, ou annonces formelles détaillées. Tant que de telles mesures ne seront pas rendues publiques et vérifiables, les accusations comme les dénégations resteront des postures propres à chaque camp.





