Macron face au défi d’appliquer la législation numérique européenne: à l’Élysée, 200 experts réfléchissent à la riposte contre réseaux, algorithmes et désinformation

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Après l’échec de la dissolution et un épisode de cyberharcèlement visant Brigitte Macron, Emmanuel Macron concentre son ultime quinquennat sur les dangers des réseaux sociaux et des algorithmes pour la démocratie. Il a réuni à l’Élysée quelque 200 experts pour esquisser des réponses collectives — éducation aux médias, renforcement de la modération, transparence des algorithmes et pistes de régulation contre la désinformation.

Depuis l’échec de la tentative de dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, Emmanuel Macron est resté peu présent sur la scène politique intérieure. Dans la dernière phase de son quinquennat, il a choisi de concentrer son action sur un nouvel enjeu : interroger l’impact des réseaux sociaux et des algorithmes sur la démocratie.

Une initiative axée sur les risques du numérique

Le 28 octobre 2024, le président de la République a réuni environ 200 experts et acteurs de terrain à l’Élysée. L’objectif annoncé était de lancer « un travail de résistance » et de bâtir « un projet d’action commun » pour contrer les menaces que représentent, selon lui, Internet et les plateformes sociales pour la vie démocratique et les processus électoraux.

Cette démarche suit un épisode personnel sensible : Brigitte Macron a engagé deux procédures judiciaires, en France et aux États-Unis, pour cyberharcèlement. Les poursuites font suite à la circulation sur les réseaux sociaux d’une rumeur la présentant comme étant un homme, une affirmation infondée et offensante.

Critique ouverte des plateformes

Le 29 octobre 2024, lors du Forum sur la paix à Paris, le chef de l’État a sévèrement critiqué les réseaux sociaux comme sources d’information. Il a déclaré : « On a fait n’importe quoi, on a totalement tort d’aller s’informer là‑dessus. »

Il a ensuite décrit ces services comme des espaces conçus pour vendre « de la publicité individualisée » et pour « créer l’excitation maximale », afin de générer « le maximum de trafic pour maximiser leurs pages de pub ». Selon lui, ce modèle met en péril « l’ordre de mérite qui fondait nos démocraties » et altère le rapport à l’argumentation et à la vérité.

Un paradoxe entre usage et critique

La prise de position du président s’inscrit dans un paradoxe notable. Depuis plusieurs années, Emmanuel Macron utilise largement des canaux comme YouTube, X, Facebook, Instagram et TikTok pour diffuser sa communication politique. Ces mêmes plateformes qu’il exploite comme vecteurs d’audience sont aujourd’hui au cœur de son reproche.

Plutôt que de l’ignorer, il choisit d’engager un débat public et un travail collectif pour imaginer des réponses institutionnelles et techniques. La réunion du 28 octobre a rassemblé des chercheurs, des responsables de médias, des représentants d’associations et des professionnels de la cybersécurité, selon le compte rendu de l’Élysée.

Les pistes évoquées lors de la séance incluent l’amélioration de l’éducation aux médias, un renforcement des outils de modération, et la recherche de mécanismes réglementaires ou coopératifs pour réduire la viralité des contenus mensongers. Le président a insisté sur la nécessité d’une action collective plutôt que sur une solution exclusivement étatique.

Enjeux démocratiques et techniques

Le débat met en lumière plusieurs tensions : la liberté d’expression, la responsabilité des plateformes, la transparence des algorithmes et la protection des personnes ciblées par le harcèlement en ligne. Chacun de ces aspects soulève des questions techniques et juridiques complexes.

Du côté des acteurs du numérique, les défenseurs des plateformes soulignent souvent la difficulté de modérer des contenus à grande échelle sans porter atteinte aux débats publics légitimes. Les associations de protection des droits ou de victimes militent, elles, pour des outils plus rapides et plus efficaces afin de contrer les campagnes de désinformation et le harcèlement.

Pour l’exécutif, la question est stratégique : garantir l’intégrité des scrutins et la qualité du débat public sans fragiliser les libertés fondamentales. La formule choisie — réunir spécialistes et acteurs de terrain — vise à combiner expertise technique et retours concrets d’expérience.

À quelques mois ou semaines de la fin du quinquennat, cette initiative représente autant une prise de position politique qu’une tentative de poser des bases opérationnelles qui pourraient perdurer après 2024. Le travail amorcé devra toutefois être transformé en mesures concrètes et mesurables pour peser réellement sur les pratiques des plateformes et sur la vulnérabilité des citoyens face aux manipulations en ligne.

Parlons Politique

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