Macron face au risque de blocage institutionnel: nomination à Matignon, majorité fragile et motions de censure RN-LFI

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Emmanuel Macron a imposé dimanche 12 octobre la nomination d’un ancien ministre des Armées à Matignon et présenté un gouvernement de continuité qui a crispé la droite et la gauche. Avec une majorité fragile et des motions de censure annoncées (RN, LFI), le risque d’un blocage institutionnel est réel.

Un choix qui ravive les tensions

Certains attendaient qu’il se soumette ou qu’il s’efface. À l’aube d’une nouvelle semaine politique difficile, Emmanuel Macron a choisi d’imposer sa décision. Malgré la démission de Sébastien Lecornu, le président de la République a nommé l’ancien ministre des Armées à Matignon et présenté, dimanche 12 octobre, un gouvernement qui n’incarne pas une rupture nette avec l’exécutif précédent.

La décision a immédiatement crispé les oppositions de gauche et irrité des partenaires plus modérés. Le Rassemblement national et La France insoumise ont d’ores et déjà annoncé des motions susceptibles d’aboutir à une censure rapide. En s’appuyant sur un cercle de proches dont le soutien paraît se réduire, le chef de l’État prend le risque de transformer cette crise en un blocage institutionnel durable, susceptible d’évoluer vers une crise de régime.

Une continuité assumée et des arbitrages tardifs

Le gouvernement a été rendu public tard dans la soirée de dimanche, signe d’une grande fébrilité au sommet de l’État. Pendant près de trois heures, Emmanuel Macron, qui avait pourtant donné « carte blanche » à son premier ministre, a décidé de revoir la composition avant son départ pour l’Égypte, lundi.

L’ouverture annoncée à des personnalités issues de la société civile ne masque ni la continuité ni la volonté de contrôle de l’Élysée. Douze des 18 ministres du premier gouvernement de M. Lecornu sont reconduits, et plusieurs postes clefs restent confiés à des macronistes de longue date, comme Gérald Darmanin à la Justice, ou Roland Lescure et Amélie de Montchalin à Bercy.

Cette recomposition, qui joue sur la combinaison entre responsables politiques et figures extérieures, n’offre que peu de garanties à un premier ministre qui demeure en sursis. La majorité parlementaire est fragile et la censure pourrait se jouer à quelques voix.

Fissures à droite et absence d’alliances à gauche

La présence de six membres des Républicains au sein du nouvel exécutif provoque des divisions au sein du parti, déjà partagé entre soutien critique et opposition plus nette à l’Élysée. À gauche, aucune personnalité de premier plan n’a intégré le gouvernement, ce qui éloigne la perspective d’un apaisement politique par inclusion.

Seule la nomination de Jean‑Pierre Farandou, ancien dirigeant de la SNCF reconnu pour ses capacités de négociateur, au ministère du Travail, laisse entrevoir la possibilité d’un dialogue sur des sujets sociaux importants. Sur des questions structurantes, comme la réforme des retraites, les convergences restent ténues : tandis que le président n’a consenti qu’à un décalage de l’âge de départ, les socialistes et les écologistes réclament au minimum une suspension.

Le président au centre du jeu : calculs et critiques

Resté silencieux pendant une semaine, Emmanuel Macron est revenu sur le devant de la scène persuadé que son intervention personnelle pouvait débloquer la situation. Il a reçu l’ensemble des forces politiques vendredi soir, une réunion qui, selon plusieurs acteurs, n’a pas apaisé les tensions mais au contraire les a consolidées.

Parmi ses proches, certains ont demandé un geste visible d’éloignement de l’Élysée. Agnès Pannier‑Runacher a demandé que le futur premier ministre ne soit pas une « personnalité du camp macroniste », et Gabriel Attal a prié l’exécutif de ne pas « s’acharner à vouloir garder la main sur tout ». Ces appels sont restés sans effet apparent.

La référence citée au cours des discussions — une phrase de Marc Bloch dans L’Étrange défaite selon laquelle il vaut parfois mieux « se réfugier dans des formules toutes faites plutôt que d’affronter la nouveauté » — résume le dilemme auquel est confronté le pouvoir : persister dans des schémas éprouvés ou accepter une redistribution des marges de manœuvre.

Un calendrier institutionnel sous tension

Après le refus d’admettre le résultat des élections législatives perdues de 2024, la stratégie de maintien de la mainmise politique a déjà entraîné l’échec de deux premiers ministres en l’espace d’environ douze mois. Une nouvelle censure, évoquée pour la semaine du 13 octobre, impliquerait des choix politiques douloureux : une dissolution du Parlement est possible, mais elle ne résoudrait pas nécessairement les désaccords profonds entre partis de gouvernement.

À court terme, la situation laisse planer le spectre d’un enlisement institutionnel et politique. Les arbitrages faits ces derniers jours renforcent l’impression d’un État qui cherche à préserver un bilan sans accepter pleinement le contre‑poids du résultat électoral. Les prochains jours, avec les motions annoncées et les débats parlementaires à venir, seront décisifs pour mesurer l’ampleur réelle de la crise.

(Article réécrit à partir du texte fourni, en conservant les informations et citations présentes.)

Parlons Politique

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