Contexte et calendrier des rencontres
Manuel Valls, ministre des Outre‑mer, entame mercredi après‑midi une série d’échanges bilatéraux avec toutes les délégations ayant participé à l’accord conclu à Bougival (Yvelines) début juillet. Ces rencontres visent à examiner, point par point, la mise en œuvre du texte et à tenter de ramener les acteurs au sein d’un processus politique commun.
Le déplacement de M. Valls est annoncé comme prenant fin samedi. Au cours de ces journées, le ministre recevra successivement les délégations qui ont négocié l’accord, y compris celle du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), malgré l’annonce, faite mercredi 13 août, du rejet du texte par les militants de ce mouvement indépendantiste.
Le rejet du FLNKS : un positionnement clair
Le FLNKS a déclaré, le mercredi 13 août, un « rejet unanime, franc et massif » de l’accord. Cette formulation, diffusée par le mouvement, témoigne d’un désaccord profond avec le contenu ou les modalités de l’accord adopté à Bougival début juillet. Le communiqué indique que la décision émane des militants, ce qui signifie qu’elle reflète une décision interne au mouvement.
Manuel Valls, bien que confronté à ce rejet, a confirmé sa volonté de poursuivre le dialogue. Il entend convaincre le FLNKS de s’inscrire dans le processus engagé à Bougival afin que celui‑ci « poursuive son chemin », selon le résumé des intentions ministérielles. Les échanges bilatéraux programmés visent précisément à écouter les critiques et à rechercher des marges de compromis.
La position des autres formations calédoniennes
Contrairement au FLNKS, toutes les autres formations représentées ont validé l’accord issu de Bougival. Parmi elles figurent des formations non indépendantistes dites radicales, comme Les Loyalistes et Le Rassemblement, ainsi qu’une force non indépendantiste plus modérée, Calédonie ensemble.
Le paysage politique local réunit également des organisations qui se définissent en dehors du clivage indépendantiste/anti‑indépendantiste. C’est le cas de L’Eveil océanien, qualifié dans les déclarations officielles de « parti charnière », qui n’est ni indépendantiste ni non indépendantiste et qui a apporté son approbation au texte.
Parmi les indépendantistes, certaines formations ont choisi de valider l’accord. C’est notamment le cas du Parti de libération kanak (Palika) et de l’Union progressiste en Mélanésie. Ces deux partis se sont distanciés du FLNKS il y a un an, d’après les informations communiquées, et ont depuis adopté une posture distincte au sein du mouvement indépendantiste.
Enjeux et perspectives
La principale difficulté pour les promoteurs de l’accord consiste à réconcilier des positions qui restent divergentes sur le fond et sur le calendrier de mise en œuvre. Le rejet formel exprimé par le FLNKS fragilise la portée politique de l’accord, même si la validation de la majorité des autres formations lui confère une assise non négligeable.
Les bilatérales annoncées par Manuel Valls auront pour objectif de réduire cet écart. Elles doivent permettre d’identifier des points précis de désaccord et d’envisager des solutions techniques ou politiques susceptibles d’être acceptées par une majorité d’acteurs. Le succès de ces entretiens dépendra de la capacité de chaque délégation à faire des concessions et à inscrire l’accord dans un cadre réellement partagé.
À court terme, l’issue des discussions systématiques engagées mercredi et la volonté des partis de revenir à la table des négociations détermineront si le processus de Bougival peut se poursuivre sans rupture. À moyen terme, la question reste de savoir si l’accord pourra servir de base à une stabilisation durable de la vie politique en Nouvelle‑Calédonie, compte tenu des divergences encore visibles entre les composantes indépendantistes.
Les déclarations publiques et le calendrier des rencontres permettront de suivre l’évolution du dossier dans les jours qui viennent. Pour l’heure, l’essentiel est que le dialogue formel se maintienne malgré le rejet proclamé par le FLNKS et que les autres acteurs confirment leur engagement en faveur de la mise en œuvre des points convenus à Bougival.