En visite à Mayotte une semaine avant la rentrée scolaire, la Première ministre chargée de l’Éducation, Élisabeth Borne, a assuré lundi 18 août 2025 que les élèves des collèges et lycées seraient « accueillis dans les mêmes conditions qu’avant le cyclone ». La visite intervient huit mois après le passage du cyclone Chido, en décembre 2024, qui a fortement endommagé l’île.
État des établissements du second degré
Au lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, 57 classes sur 66 sont aujourd’hui opérationnelles, a constaté la délégation ministérielle. Huit mois après le cyclone, la majorité des bâtiments a été remise en service mais des chantiers se poursuivent.
Bruno Ulrich, responsable des travaux sur site, a indiqué espérer que l’ensemble des locaux soit prêt pour la rentrée du 26 août 2025. Il a toutefois reconnu « encore beaucoup de choses à faire », en raison de retards liés au manque de matériaux. À proximité de salles encore en chantier, des classes modulaires ont été installées pour maintenir les cours.
Primaire et maternelle : mesures provisoires
À l’école maternelle de Majicavo-Lamir, sur la commune de Koungou, huit structures préfabriquées ont été déployées. Elles doivent permettre d’accueillir les élèves de l’école primaire voisine, dont les bâtiments ont été soufflés par le cyclone. Le passage de Chido a fait au moins 50 morts, selon le bilan évoqué lors des visites.
Le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, a souligné que les travaux restent ralentis « faute de financements ». Cette contrainte compromet le calendrier de reconstruction pour certains établissements primaires, qui demeurent partiellement fermés ou en cours d’aménagement.
Organisation de la rentrée : horaires et dispositifs d’accompagnement
Concernant l’organisation des enseignements, Élisabeth Borne a déclaré que « 90 % des élèves pourront être accueillis à raison de vingt-quatre heures de cours par semaine », soit le volume horaire habituel. Pour les 10 % d’élèves restants, certains bénéficieront d’un rythme réduit — « dix heures au départ » — avant un retour progressif à un horaire normal, a précisé la ministre.
Au collège de M’Gombani, la ministre a également rencontré des élèves participant au dispositif « Vacances apprenantes », une semaine de cours de préparation destinée à aider les élèves à démarrer l’année « au mieux », selon ses propos. Elle a salué le travail réalisé pour « offrir les meilleures conditions possibles pour la rentrée ».
Réactions des syndicats et des parents
Cette lecture optimiste n’est pas partagée par l’ensemble des acteurs locaux. La FCPE 976, invitée au collège de M’Gombani, a refusé de participer à la visite, estimant que les établissements « ne sont pas prêts ». Ce refus témoigne des inquiétudes persistantes au sein des familles et des associations de parents d’élèves.
Du côté des syndicats enseignants, le SNES-FSU a exprimé des critiques sur les moyens humains. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, a regretté le manque de mesures sur la question des personnels : « Il y a encore des collègues qui n’ont pas touché la prime exceptionnelle Chido (…). Et sur l’attractivité, peu de choses ont été faites », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse.
Sur le terrain, la cohabitation entre structures temporaires et bâtiments en réparation souligne la précarité de la situation à court terme. Les autorités annoncent des objectifs de remise en état et d’accueil pour la rentrée, tandis que parents, syndicats et élus pointent des retards et des besoins financiers persistants.