Le gouvernement français veut organiser une consultation des citoyens néo‑calédoniens le 15 mars 2026, à condition que l’accord politique dit « de Bougival » fasse d’ici là l’objet d’« ajustements » considérés comme suffisamment consensuels. Ce projet, signé en juillet et portant sur la création d’un État de Nouvelle‑Calédonie dans le cadre de la décolonisation du territoire, a été rejeté par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).
Calendrier annoncé et conditionnalité du référendum
La date avancée — le 15 mars 2026 — est présentée par l’exécutif comme un jalon si des modifications acceptables sont trouvées entre les parties prenantes. Le recours à des « ajustements » laisse toutefois ouverte la question du calendrier effectif : sans accord suffisamment large, la consultation ne pourrait pas se tenir à la date annoncée.
Le projet évoqué dans le texte initial porte explicitement sur la création d’un État de Nouvelle‑Calédonie, et s’inscrit, selon le gouvernement, « dans le cadre de la décolonisation du territoire ». Le rejet public du FLNKS constitue un obstacle politique majeur à la tenue d’une consultation consensuelle, puisqu’une part significative de la population et des acteurs politiques refuse pour l’instant le texte tel qu’il a été signé en juillet.
Ce que dit la ministre des Outre‑mer
La ministre des outre‑mer, Naïma Moutchou, a expliqué sa feuille de route en insistant sur la nécessité d’une démarche concertée. Elle a souligné l’engagement de l’exécutif central dans le dossier et la volonté d’avancer collectivement. À propos du rôle des autorités parisiennes, elle a déclaré :
« Matignon et l’Élysée ont toujours été au cœur du dossier néo‑calédonien. Ce n’est pas un hasard, c’est un sujet sensible. C’est aussi une marque de reconnaissance pour les Néo‑Calédoniens de le traiter à ce niveau‑là et c’est normal. Il y a un intérêt collectif majeur, partagé, à avancer et j’y contribue parce que la feuille de route est coconstruite. »
Cette prise de position met en lumière deux éléments : d’une part, la centralité du pouvoir exécutif français dans la gouvernance du processus politique néo‑calédonien ; d’autre part, l’importance accordée au caractère « coconstruite » de la feuille de route, formulation qui renvoie à des négociations entre l’État et les responsables locaux. La ministre a par ailleurs mentionné les « incertitudes » du processus, sans en détailler toutes les modalités.
Contexte économique et social
La ministre a placé la question politique dans un contexte social et économique préoccupant. Elle a estimé que la situation des Néo‑Calédoniens « l’exige », qualifiant la situation de « grave », et rappelant que la crise économique et sociale avait été amplifiée par les émeutes de 2024. Ces événements sont présentés comme un facteur aggravant qui accroît l’urgence politique et sociale autour du dossier.
Le recours au terme « récession » pour décrire la trajectoire économique du territoire figure dans le constat gouvernemental. Dans ce contexte, la tenue d’une consultation est décrite par certains responsables comme une étape nécessaire pour clarifier l’avenir institutionnel, mais sa réussite dépendra de la capacité des acteurs à trouver des compromis acceptables et de l’impact des tensions sociales sur la participation et la légitimité du processus.
Inccertitudes politiques et conséquences possibles
Plusieurs éléments expliquent l’incertitude persistante : le rejet du texte par le FLNKS, la nature et l’ampleur des « ajustements » susceptibles d’être proposés, et les conditions de validation d’un futur scrutin. Tant que les principaux acteurs politiques ne s’accordent pas sur une version du projet susceptible de recueillir un soutien suffisamment large, le calendrier annoncé reste conditionnel.
La formulation utilisée par la ministre — insistant sur la reconnaissance politique et la coconstruction — traduit la volonté de l’exécutif de légitimer le processus au plus haut niveau. Elle ne garantit toutefois pas l’adhésion de toutes les forces locales ni la disparition des tensions sociales liées à la situation économique.
En l’état, l’annonce du 15 mars 2026 marque une étape de communication et de cadrage politique plus que la confirmation définitive d’un scrutin. L’issue dépendra des discussions à venir et de la capacité des parties à transformer un projet rejeté en juillet en un texte amendé jugé acceptable par les principaux acteurs sur le terrain.





