Nouvelle-Calédonie : l’Assemblée adopte le report des élections provinciales à fin juin 2026, les indépendantistes dénoncent une confiance ébranlée et craignent des tensions

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Report des élections provinciales en Nouvelle‑Calédonie : l’Assemblée nationale a adopté la loi organique repoussant le scrutin jusqu’à fin juin 2026 (279 voix pour, 247 contre) après l’échec d’une motion de rejet de la GDR. Le titre a été neutralisé pour retirer la mention « Bougival » et encourager un accord « consensuel », mais les indépendantistes (Emmanuel Tjibaou, FLNKS, Union calédonienne) dénoncent une confiance en l’État ébranlée et mettent en garde contre une aggravation des tensions après les violences de mai 2024.

« La confiance en l’État est clairement entamée. » C’est par cette phrase que le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou a durci le ton en prenant la parole dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, mardi 28 octobre, après l’échec d’une motion de rejet présentée par son groupe, la Gauche démocrate et républicaine (GDR), relative au report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie.

Un débat tendu à l’Assemblée nationale

La motion de rejet portée par la GDR n’a pas été adoptée. L’Assemblée nationale a néanmoins voté la loi organique prévoyant le report du scrutin, une décision qui a suscité des voix critiques au sein de la gauche parlementaire — des « insoumis », des écologistes et des communistes dénonçant un « passage en force » du gouvernement.

La loi organique, validée en commission mixte paritaire lundi, a été adoptée à l’Assemblée avec un score qualifié de « peu consensuel » : 279 voix pour, 247 voix contre. Le texte était ensuite attendu au Sénat pour un vote prévu mercredi 29 octobre.

Le contenu du report et ses objectifs affichés

Ce texte reporte les élections provinciales — un scrutin jugé essentiel pour l’avenir institutionnel du territoire — « à la fin de juin 2026 au plus tard ». Il s’agit du troisième report depuis les violences insurrectionnelles survenues en mai 2024, événements qui ont plongé la Nouvelle‑Calédonie dans une crise politique et institutionnelle prolongée.

Officiellement, le gouvernement justifie ce délai supplémentaire pour permettre aux forces indépendantistes et non‑indépendantistes de mettre en œuvre le projet d’accord dit de Bougival. Selon le texte initial, cet accord, rendu public le 12 juillet, visait à créer un État de la Nouvelle‑Calédonie et à ouvrir une voie concertée vers l’avenir institutionnel du territoire.

Oppositions, rejet et ajustement du texte

Pourtant, le projet d’accord de Bougival n’a pas fait l’unanimité : il a été rejeté par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) ainsi que par l’Union calédonienne, qui ont déclaré qu’« il n’y a pas d’accord de Bougival ». Face à ce refus, et dans un souci apparent de convaincre ces formations de revenir à la table des négociations, les rédacteurs de la loi ont fait évoluer sa formulation.

Concrètement, le titre de la loi organique a été modifié afin de retirer toute mention explicite de « Bougival ». Le report est désormais justifié « en vue d’un accord consensuel sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle‑Calédonie ». Ce changement de libellé traduit la volonté du gouvernement de présenter le report comme un délai destiné à favoriser un consensus, plutôt que comme une mise en œuvre d’un accord déjà acté.

Un climat de défiance persistante

Les réactions politiques témoignent d’un climat de défiance persistant. Le constat d’Emmanuel Tjibaou, repris dès l’ouverture de son intervention — « La confiance en l’État est clairement entamée » — résume la défiance de la frange indépendantiste à l’égard de la méthode choisie par l’exécutif.

De leur côté, les partis opposés au report soulignent le caractère sensible de différer à nouveau le scrutin, soulignant les risques d’aggravation des tensions locales si les acteurs politiques ne perçoivent pas la procédure comme légitime et équitable. Le vote à l’Assemblée, relativement serré, illustre la difficulté à obtenir un large consensus sur une question qui engage directement le futur institutionnel et la stabilité du territoire.

À ce stade, la porte de la négociation reste ouverte mais fragile. Le retrait de la mention « Bougival » du titre de la loi illustre une tentative de recadrage politique pour encourager un accord « consensuel », sans garantie qu’un tel consensus puisse être rapidement obtenu entre les parties concernées.

Le calendrier fixé — report jusqu’à la fin de juin 2026 au plus tard — laisse à la fois du temps pour la négociation et un horizon précis, mais il prolonge également une période d’incertitude pour une collectivité déjà marquée par les violences de mai 2024 et les divisions politiques qui en ont découlé.

Parlons Politique

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