Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, après la parution d’un décret fixant les aides publiques aux partis pour 2025. Dans cette lettre, publiée mardi 9 septembre, il demande l’annulation d’une pénalité financière infligée au PCF au motif du respect de la parité. Le parti perçoit au total 2,1 millions d’euros pour l’année 2025, mais cette somme a été amputée d’une sanction de 68 328,70 euros.
Le mécanisme de calcul des aides et la pénalité
Le décret paru le week-end précédent détaille la répartition des financements publics : la somme allouée à chaque formation est calculée en fonction du nombre de voix obtenues au premier tour des législatives et du nombre de parlementaires élus. Pour le PCF, la retenue financière est justifiée par une non-conformité à la règle de parité dans la composition de ses candidats aux élections législatives de 2024.
Selon le courrier évoqué par Fabien Roussel, le PCF a présenté 35 candidates et 32 candidats, ce qui a entraîné, selon l’administration, l’application d’une pénalité « au nom de la parité ». Le montant retenu — 68 328,70 euros — correspond à la sanction appliquée sur l’enveloppe publique versée au titre de l’année 2025.
La réaction du PCF et l’argumentation de Fabien Roussel
Pour Fabien Roussel, cette retenue relève « de l’absurdité la plus totale ». Il défend le choix du parti de présenter davantage de femmes que d’hommes et demande au ministre de « revenir à l’esprit de la loi de 2014 » sur la parité des candidats. Dans sa lettre, il qualifie la pénalité de « financièrement parfaitement ubuesque, à contre‑courant de l’histoire ».
Le dirigeant communiste souligne que le PCF a « eu le courage de présenter plus de femmes que d’hommes dans une élection qui se traduit globalement par une sous‑représentation des femmes sur les bancs de l’Assemblée nationale ». Il relie ainsi la sanction administrative au contexte global des résultats parlementaires.
Contexte des élections législatives de 2024
Les chiffres des législatives de 2024 montrent une majorité d’hommes élus à l’Assemblée nationale : 208 femmes contre 369 hommes. Ces données servent de toile de fond aux critiques portées par le PCF, qui estime que la retenue financière pénalise une démarche en faveur de la représentation féminine.
La loi de 2014, invoquée par Fabien Roussel, visait à renforcer la parité dans les candidatures. Le différend entre l’administration et le PCF met en lumière les modes d’application de ces règles et la manière dont des écarts, parfois minimes, peuvent se traduire par des conséquences financières pour les formations politiques.
Cas d’autres partis et portée politique
La décision de pénaliser la représentation des candidats ne se limite pas au PCF. Selon les informations incluses dans le courrier, le parti d’Éric Ciotti (UDR) a, pour sa part, été privé de plus d’1,3 million d’euros pour avoir soutenu cinq fois plus d’hommes que de femmes. Ce signal montre que l’administration applique des règles de parité qui peuvent coûter cher aux partis dont les candidatures présentent des déséquilibres importants.
La controverse oppose ici l’interprétation juridique et technique des règles de financement public et la lecture politique des choix de candidatures. Le PCF demande une réévaluation administrative, estimant que l’esprit de la loi sur la parité n’est pas respecté par l’application mécanique de la pénalité.
En l’état, la demande de Fabien Roussel vise à obtenir le retrait de la sanction de 68 328,70 euros et à rétablir la totalité de l’aide prévue pour 2025, soit 2,1 millions d’euros. Le ministre de l’Intérieur, destinataire du courrier, dispose désormais d’un recours politique et administratif pour statuer sur cette requête, tandis que la question soulève des enjeux plus larges sur l’application des règles de parité dans le financement des partis.