« Certains ont prétendu que j’allais quitter la rue Cambon par un feu d’artifice de rapports spectaculaires ou que j’allais faire un départ de rock star. » Pierre Moscovici écarte toute mise en scène pour son départ. « Rien de tout cela », insiste-t-il, ajoutant qu’il « part avec le sentiment du devoir accompli ». Il quittera, le 31 décembre, ses fonctions de premier président de la Cour des comptes pour rejoindre une autre institution de contrôle, à Luxembourg : la Cour des comptes européenne.
Un départ sobre et réfléchi
Le ton choisi par Pierre Moscovici veut marquer la fin d’un mandat sans effets d’annonce. L’ex-ministre socialiste de l’économie, arrivé rue Cambon en juin 2020, assume un bilan mesuré. Sa formule — partir « avec le sentiment du devoir accompli » — résume une posture tournée vers la continuité plutôt que vers le spectacle.
Ce départ s’inscrit dans un chemin institutionnel clairement orienté : quitter la Cour des comptes française pour rejoindre l’instance comparable au niveau européen à Luxembourg. Le calendrier annoncé — un départ le 31 décembre — structure la fin de son mandat, sans que l’article d’origine précise l’année en toutes lettres.
Le projet JF 2025 : moderniser les juridictions financières
Dès son arrivée en juin 2020, Pierre Moscovici a lancé un important chantier de transformation des juridictions financières, désigné sous le nom de projet JF 2025. Il présentait alors ce plan comme un « projet qui décoiffe », visant à réformer les méthodes de travail et l’image de l’institution.
Les objectifs affichés du projet sont restés constants au cours du mandat : rendre la Cour « plus agile, plus visible, plus attractive et plus ouverte sur la société ». Lors d’un échange avec la presse, mardi 17 décembre, Pierre Moscovici a rappelé ces ambitions et estimé que le contrat était rempli. « Notre institution est devenue un véritable tiers de confiance », a-t-il déclaré.
La formulation met l’accent sur trois axes : adaptation interne, communication externe et attractivité. Ces priorités traduisent un désir d’aligner l’institution sur des attentes contemporaines de transparence et d’utilité publique.
Des réformes menées malgré des résistances internes
Si le bilan retient des avancées, il n’occulte pas les tensions internes. Le premier président sortant a lui-même reconnu les difficultés rencontrées pour faire adhérer l’ensemble des magistrats au projet collectif. « La Cour est une collection des ego où les magistrats sont très attachés à leur indépendance », a-t-il souligné. Il a insisté sur la personnalité et la compétence des membres : « Ils ont tous une personnalité, ils sont très intelligents et très bons mais ce n’est pas totalement simple de les amener à faire un projet collectif. »
Cette remarque met en lumière un défi récurrent pour les organisations professionnelles : concilier autonomie individuelle et travail collectif lorsque l’on engage des transformations structurelles. L’effort de réforme a donc mêlé concertation, arbitrages et parfois frictions.
Les termes employés — collection des ego, attachement à l’indépendance — suggèrent que l’évolution institutionnelle s’est heurtée à des réticences culturelles autant qu’à des obstacles organisationnels. Moscovici évoque ces résistances sans en détailler les épisodes précis dans l’interview citée.
Sur le plan public, l’affirmation selon laquelle la Cour serait devenue « un véritable tiers de confiance » constitue une évaluation politique et institutionnelle forte. Elle résume la vision du président sortant sur l’évolution de la mission de contrôle et d’évaluation exercée par la Cour pendant son mandat.
À défaut d’éléments additionnels dans le texte initial, il reste difficile d’évaluer de manière indépendante l’ensemble des conséquences concrètes du projet JF 2025, au-delà des intentions affichées et des déclarations de son principal promoteur. L’interview retranscrite témoigne toutefois d’un mandat centré sur la modernisation et la recherche d’une plus grande lisibilité pour l’institution.
En quittant la rue Cambon pour Luxembourg, Pierre Moscovici laisse une Cour ayant engagé une transformation nette, mais aussi marquée par des résistances internes. Son départ, sobre et revendiqué, clôt un chapitre axé sur la réforme et ouvre une nouvelle étape, au niveau européen, pour l’ancien premier président.





