La colère au sein de l’écosystème sportif français ne montre pas de signe d’apaisement. Selon le projet de loi de finances (PLF) 2026, que Le Monde a pu consulter, le budget du ministère des sports pour l’exercice à venir devrait s’établir à un peu plus de 554 millions d’euros, soit une baisse de − 6,53 % en crédits de paiement par rapport à 2025 (593 millions d’euros).
Montant global et précédentes versions du PLF
La réduction annoncée est moins sévère que celle figurant dans la première mouture du PLF déposée en juillet par l’ancien premier ministre François Bayrou, qui laissait entrevoir une disparition de 17,6 % des crédits. Ce retrait partiel laisse entendre que les arbitrages ont évolué entre la version initiale et le texte désormais soumis à examen.
Dans les termes présentés, la baisse de − 6,53 % concerne les crédits de paiement, c’est‑à‑dire les dépenses effectivement engagées sur l’exercice 2026. Le projet de loi distingue toutefois ces crédits des autorisations d’engagement (AE), enveloppes destinées à couvrir des programmes conduits sur plusieurs exercices, et dont la diminution est plus marquée.
Réaction du mouvement sportif et revendications
Plate‑forme institutionnelle du sport français, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le Comité paralympique et sportif français (CPSF) avaient vivement alerté sur la première version du PLF. Ils soulignaient que le sport représente à peine 0,15 % du budget général de l’État et considéraient qu’il ne devait pas être « sacrifié » au nom d’« économies d’échelle » exigées par Bercy.
Dans leurs prises de position, ces instances avaient jugé qu’un effort supplémentaire de 5 % pouvait être « raisonnable », mais que toute réduction supérieure mettrait en péril des structures déjà fragiles. La baisse finalement retenue de − 6,53 % montre que certaines concessions ont été faites, sans pour autant répondre totalement à leurs demandes.
Ce que change la forte réduction des autorisations d’engagement
Plus révélatrice, selon plusieurs acteurs consultés, est la baisse importante des autorisations d’engagement : − 18,24 %. Ces AE servent à financer des investissements et des programmes pluriannuels. Une chute de cette ampleur signifie que si le budget courant de 2026 est amoindri de façon limitée, les moyens dédiés aux projets structurants et aux investissements d’avenir sont, eux, substantiellement comprimés.
Concrètement, la réduction des AE peut affecter la rénovation d’équipements, les contrats territoriaux et le financement d’actions de développement sur plusieurs années. Pour un écosystème sportif qui a souvent invoqué la nécessité d’un soutien durable après les Jeux de Paris 2024, ce gel relatif des investissements constitue une source d’inquiétude.
Plusieurs interlocuteurs décrivent un mouvement sportif « chauffé à blanc » depuis plusieurs mois, déjà éprouvé par les attentes liées à l’héritage des Jeux de Paris 2024, que beaucoup considèrent comme une réussite. Cette perception de déception s’explique par l’écart entre les retombées symboliques des Jeux et les moyens financiers réellement consacrés aux programmes de terrain.
Le PLF 2026 présente ainsi une double lecture possible : une baisse contenue sur l’exercice 2026 qui pourrait être présentée comme une concession, et, simultanément, un fort recul des capacités d’investissement à moyen terme.
Les prochains débats budgétaires et les arbitrages parlementaires détermineront si le mouvement sportif parviendra à obtenir des garanties supplémentaires, en particulier sur les AE. À ce stade, le texte consulté par Le Monde sert de base aux négociations et aux réactions des acteurs concernés.
Sans données complémentaires issues d’amendements ou d’annonces ministérielles ultérieures, il convient de retenir que le PLF 2026 réduit les crédits de paiement de − 6,53 % pour le ministère des sports et rabote les autorisations d’engagement de − 18,24 %, laissant planer des questions sur le financement des projets à moyen et long terme.