Radio Nova a affirmé, samedi 15 novembre, son attachement à la liberté d’expression et averti qu’elle « n’acceptera aucune menace » après la plainte déposée par le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, contre l’humoriste Pierre‑Emmanuel Barré. La radio musicale a diffusé cette position dans un communiqué transmis à l’Agence France‑Presse (AFP).
Les propos litigieux et la plainte
Pierre‑Emmanuel Barré avait tenu des propos polémiques lors de l’émission « La Dernière », initialement diffusée dimanche sur Radio Nova puis mise en ligne le lundi suivant. L’humoriste y avait qualifié la police et la gendarmerie d’« institutions structurellement brutales, racistes et déresponsabilisantes ».
Il avait ajouté : « Des viols, des mutilations, des meurtres et des mecs qui se filment en train de faire tout cela en se marrant, en fait la police et la gendarmerie, c’est Daech avec la sécurité de l’emploi ». Ces formules ont provoqué une réaction officielle du ministre de l’Intérieur, qui a adressé une « lettre plainte » au parquet de Paris pour dénoncer « ces propos inqualifiables », selon son entourage cité vendredi par l’AFP.
Réactions immédiates
Le syndicat de police Un1té a qualifié, vendredi, les déclarations de Barré d’« immondes » et a rappelé le contexte sensible, en soulignant que ces propos intervenaient « alors que la France honore les policiers qui ont sauvé des vies le 13 novembre 2015 ». Cette remarque du syndicat vise explicitement le souvenir des attaques et des interventions policières liées à cet événement.
De son côté, Radio Nova a tenu à dissocier la chronique de tout lien avec les attentats du 13 novembre 2015. La station a rappelé que la liberté d’expression « suppose d’accepter la satire, la caricature, et la critique ». Dans son communiqué transmis à l’AFP, la radio a ajouté : « La liberté d’expression (…) protège un droit fondamental, parce qu’une société libre n’a rien à craindre du rire ».
Débat sur la satire et ses limites
La situation met en lumière la tension entre la liberté satirique et la protection des institutions républicaines. Les propos de Barré, violents dans le ton et l’image, ont été perçus par certains comme une caricature politique et par d’autres comme une attaque frontale envers des agents de l’État.
Radio Nova a justifié la diffusion de la chronique au nom de la tradition satirique, soulignant le rôle du rire dans la critique sociale. Les autorités, ou tout du moins le ministre saisi, ont choisi la voie judiciaire pour qualifier et éventuellement sanctionner ces propos. Entre liberté d’expression et responsabilité pénale, le dossier illustre les frictions habituelles lorsque l’humour flirte avec des comparaisons extrêmes.
Contexte éditorial et liens professionnels
L’émission « La Dernière » est présentée depuis septembre 2024 par Guillaume Meurice. Le parcours récent de ce dernier est mentionné dans les éléments de contexte liés à l’affaire : il avait été licencié de France Inter en juin 2024 pour faute grave, après avoir comparé le Premier ministre israélien à « une sorte de nazi mais sans prépuce ».
Radio Nova appartient au groupe Combat, fondé par le banquier d’affaires engagé à gauche Matthieu Pigasse. Le groupe comprend également le magazine Les Inrockuptibles et le festival Rock en Seine, éléments rappelés par les sources qui ont relayé la défense de la radio.
Position de la radio et suite possible
Dans son communiqué, Radio Nova a insisté : « Préserver la liberté de ceux qui font rire, c’est protéger la santé de notre démocratie. Radio Nova y est plus que tout attaché et n’acceptera aucune menace de quelque nature que ce soit sur ses humoristes et collaborateurs ». Cette formule résume la ligne de défense médiatique adoptée par la station.
La plainte adressée au parquet de Paris ouvre une procédure dont l’issue dépendra de l’analyse judiciaire. Le débat public, lui, se poursuivra autour de la portée de la satire, des limites du propos humoristique et de la manière dont les médias arbitrent ces questions à la croisée du droit et de l’éthique.
Les éléments factuels de cette affaire — les citations, la plainte et les réactions syndicales — ont été tels que rapportés aux agences et aux médias. En l’état, la crise illustre une nouvelle fois la difficulté de concilier liberté d’expression et respect des institutions dans un contexte social et mémoriel sensible.





