Un appel au blocage contesté par Raphaël Glucksmann
L’eurodéputé Raphaël Glucksmann a pris ses distances avec les appels lancés sur les réseaux sociaux à « tout bloquer » en France le 10 septembre, mobilisation qui se cristallise autour des coupes proposées par François Bayrou pour le budget 2026.
Interrogé sur France 2, le chef du petit parti Place publique a exprimé ses réserves en des termes directs. « On a le 8 septembre le premier ministre qui va tomber. A quoi sert un mouvement “Bloquons tout” ? Le but, c’est pas le chaos », a-t-il déclaré, citant la proximité d’un épisode politique majeur pour expliquer son refus d’encourager une paralysie générale du pays.
Privilégier la stabilité plutôt que la confrontation
Pour Raphaël Glucksmann, l’option d’un blocage national n’est pas adaptée à la situation politique qu’il décrit. « Ce qu’il faut, c’est pas bloquer plus un pays qui l’est déjà », a-t-il ajouté, formulant ainsi une critique nette des formes de mobilisation susceptibles d’aggraver une instabilité préexistante.
Il a répété son souhait de « stabilité » et appelé à un délai pour gérer les affaires courantes. « Il y aura de grands choix à faire mais en attendant on doit gérer la France et donc il faut avoir un mois où on voit si on est capable d’établir un budget qui soit équilibré, qui prenne en compte le grave problème de la dette, mais qui soit socialement juste », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité d’un équilibre entre contraintes budgétaires et justice sociale.
Une position pragmatique sur la chute éventuelle du gouvernement
Si, selon les éléments cités dans son intervention, le gouvernement de François Bayrou devait tomber le 8 septembre, M. Glucksmann s’est dit hostile à une dissolution de l’Assemblée nationale. Il a exprimé sa préférence pour la nomination « d’une personnalité issue de la gauche » à Matignon, tout en reconnaissant la réalité parlementaire: « j’ai conscience qu’il n’y a pas une majorité de gauche à l’Assemblée nationale et que donc ce qu’il faut, c’est une méthode ».
Cette formulation souligne la double contrainte à laquelle il se dit confronté: la volonté d’une solution gouvernementale de gauche et la nécessité d’une approche pragmatique compatible avec la configuration politique existante.
Un projet politique à préparer pour la présidentielle
Au-delà des questions immédiates liées aux blocages et à la gestion du budget, Raphaël Glucksmann a réaffirmé que son mouvement travaille « à une offre politique pour les Français » en vue de la prochaine élection présidentielle. Il figure parmi les « candidats potentiels de la gauche », selon ses propres mots, et promet « un projet qui proposera d’immenses transformations pour le pays ».
Ces déclarations confirment la double stratégie affichée par Place publique: critiquer les formes d’action jugées contre-productives tout en préparant une alternative politique structurée, autour d’un programme susceptible d’être porté lors de la campagne présidentielle.
Reste à voir comment ses propos, qui plaident pour la retenue et la construction d’un projet, seront perçus au sein d’un espace politique de gauche souvent divisé sur les tactiques de mobilisation et sur les orientations programmatiques. Les dates évoquées — 8 septembre pour un hypothétique renversement gouvernemental et 10 septembre pour l’appel aux blocages — restent au centre du débat politique immédiat cité par l’intéressé.
Sans appeler à un soutien actif aux manifestations qui font rage sur les réseaux sociaux, M. Glucksmann a choisi de privilégier la voie de la méthode et de la stabilité, estimant que la priorité doit être donnée à la gestion du pays et à l’élaboration d’un budget respectant à la fois l’équilibre financier et les exigences de justice sociale.