Réforme des retraites : l’Assemblée adopte la suspension en 1re lecture, bénéfice pour les 1964‑1968, coûts importants, navette parlementaire et conférence printemps 2026

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La suspension de la réforme des retraites a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale après des votes serrés, relançant le débat politique. La mesure profiterait notamment aux générations 1964‑1968 et retarderait l’élévation de l’âge légal, pour un coût évalué à plusieurs centaines de millions d’euros ; la navette parlementaire et une conférence prévue au printemps 2026 décideront de la suite.

La suspension de la réforme des retraites a franchi une étape parlementaire après plusieurs votes serrés, relançant le débat politique sur la mise en œuvre du texte adopté en 2023.

Un calendrier parlementaire marqué par plusieurs scrutins

Le 8 novembre, l’Assemblée nationale avait ouvert la voie en adoptant, par 176 voix, la partie du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) relative aux recettes pour 2026.

Mercredi 12 novembre, la mesure clef — la suspension provisoire de la réforme des retraites — a été débattue en séance. Soumise au vote dans le cadre de l’article 45 bis du PLFSS, elle a été adoptée en première lecture par 255 voix pour et 146 contre.

Quelques minutes plus tôt, les députés avaient en revanche rejeté à une large majorité les amendements visant à supprimer la suspension : 266 voix contre et 70 voix pour.

Réactions politiques contrastées

Le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud, s’est félicité du résultat, estimant qu’il s’agissait du « résultat d’un travail acharné » et soulignant la portée sociale de la mesure pour des personnes aux carrières difficiles.

À droite, la décision a suscité des critiques vives. Parmi les voix les plus fortes, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a dénoncé un « jour funeste pour la France », selon les comptes rendus de séance.

Le gouvernement a défendu la manoeuvre comme une nécessité politique et institutionnelle. Selon l’hémicycle, le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a déclaré : « Cette suspension est un élément nécessaire de la stabilité. Le temps de la suspension doit être utile au débat démocratique. » (formulation rapportée d’après le compte rendu de séance).

De quoi parle la réforme initiale ?

Portée en 2023 par le précédent gouvernement via l’article 49.3 de la Constitution, la réforme avait pour objectif affiché de « sauver » le système de retraite par répartition face aux contraintes budgétaires et au vieillissement de la population.

Dans ce mécanisme, les actifs — estimés à 31 millions de personnes en France en 2023 — financent directement les pensions des retraités, au nombre d’environ 17,2 millions cette même année.

La réforme de 2023 modifie principalement deux paramètres : l’âge légal de départ à la retraite, progressivement relevé de 62 à 64 ans, et la durée de cotisation, initialement fixée par la loi Touraine puis accélérée pour atteindre 172 trimestres (43 ans) dès 2027. Selon l’année de naissance, l’âge de départ et le nombre de trimestres requis ont été repoussés pas à pas.

Le texte a aussi acté la disparition progressive de plusieurs régimes spéciaux, tout en introduisant des mesures plus avantageuses pour certaines catégories de travailleurs.

Effets concrets de la suspension et personnes concernées

La mise en pause de la réforme doit, selon le texte soumis au vote, bloquer provisoirement l’élévation de l’âge légal à son niveau actuel. Elle profiterait aux générations nées entre 1964 et 1968 — soit environ 3,5 millions de personnes — dont le départ à la retraite, prévu entre 2026 et 2030, pourrait intervenir jusqu’à trois mois plus tôt que prévu.

La suspension vise également à réduire d’un trimestre la durée de cotisation nécessaire pour certaines générations : pour celles de 1964 et 1965, il est prévu, s’il est adopté, 170 trimestres au lieu de 171 ou 172 selon les calendriers antérieurs.

Coût budgétaire évalué

La question du coût a largement alimenté les débats. Lors de sa déclaration politique générale le 14 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu avait annoncé la suspension du texte adopté il y a deux ans afin d’éviter une motion de censure.

D’après les documents parlementaires mentionnés en séance, l’impact global de cette suspension pèserait sur l’ensemble des régimes de pension à hauteur de 400 millions d’euros en 2026 et de 1,8 milliard d’euros en 2027, selon des premières évaluations.

Un amendement gouvernemental déposé le 23 octobre, par lettre rectificative, a ensuite ajusté ces estimations : l’extension de la suspension serait chiffrée à 200 millions d’euros en 2026 et 500 millions en 2027, portant la facture globale à environ 300 millions d’euros en 2026 et à 1,9 milliard d’euros en 2027, selon Thibault Bazin, rapporteur de la commission des affaires sociales.

Prochaines étapes

Le vote intervenu constitue une étape du processus législatif. Plusieurs navettes parlementaires restent à prévoir avant qu’une suspension définitive puisse être effective, et des débats approfondis ainsi que des ajustements budgétaires sont possibles tout au long de la procédure.

Le gouvernement a par ailleurs indiqué son intention d’organiser, au printemps 2026, une conférence avec les partenaires sociaux pour repenser le système des retraites et en assurer l’équilibre financier. Le calendrier de la réforme au-delà de 2028 dépendra aussi des décisions de la majorité issue de l’élection présidentielle de 2027, qui pourra soit poursuivre le calendrier engagé, soit proposer une nouvelle orientation.

En l’état, la décision prise en séance maintient le dossier des retraites au centre du débat politique et social, avec des implications directes sur les calendriers de départ à la retraite et sur les comptes publics.

Parlons Politique

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