Le gouvernement déposera un amendement visant à étendre la suspension de la réforme des retraites aux personnes ayant effectué des carrières longues, a annoncé lundi la porte-parole de l’exécutif, Maud Bregeon, sur BFM‑TV. Cette précision intervient lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), où les parlementaires doivent débattre mercredi de la mesure actuellement limitée au régime général.
Un élargissement demandé par la gauche
La suspension en question figurait déjà dans les débats autour du PLFSS, mais ne concernait pour l’heure que le régime général. Le Parti socialiste (PS) avait posé cette suspension comme condition pour s’abstenir de censurer le gouvernement, selon le communiqué. Les formations écologistes et communistes, de leur côté, ont réclamé que soient intégrées les carrières longues afin que ces publics bénéficient de la même temporisation.
L’amendement que déposera l’exécutif doit détailler les publics concernés. Le porte‑parolat du gouvernement a précisé que ce texte serait soumis au débat parlementaire et que ce sera finalement le Parlement qui tranchera sur son contenu et son adoption.
Matignon ouvert, adoption incertaine
La semaine précédente, le ministre du Travail, Jean‑Pierre Farandou, avait indiqué que Matignon se déclarait « ouvert à un élargissement des personnes concernées » par la suspension, en citant notamment les personnes ayant eu des carrières longues. Cette position témoigne d’une volonté d’apaisement politique, mais la concrétisation de la mesure dépendra du vote des députés.
Si le vote a bien lieu, l’adoption de l’amendement dépendra en grande partie des choix d’abstention, a rappelé la porte‑parole. Autrement dit, le contexte parlementaire — alliances, abstentions et mobilisation des groupes — restera déterminant pour l’issue du scrutin.
Réponse budgétaire et alternative aux taxes
Maud Bregeon a par ailleurs lancé une mise en garde aux oppositions sur le plan financier : « Les impôts et les taxes ne peuvent pas être réponse à tout, tout le temps. » Elle a ajouté être « prête à des mesures alternatives » concernant la hausse des franchises médicales, précisant que ces mesures devraient être « financées par des économies » et non par « de nouvelles propositions de taxes ». Cette formulation place la discussion sur un plan technique : le gouvernement dit privilégier des économies internes plutôt qu’un recours à des recettes nouvelles.
La référence aux franchises médicales signifie que des ajustements dans le champ de la Sécurité sociale sont envisagés, mais le porte‑parolat n’a pas fourni de chiffrage ni d’échéancier détaillé dans son intervention. Le gouvernement s’est ainsi réservé la possibilité de proposer des solutions d’économies pour financer d’éventuelles modifications, sans détailler lesquelles.
Ce qui reste à clarifier
Plusieurs éléments devront être précisés au fil des débats parlementaires. L’amendement annoncera formellement les catégories de bénéficiaires visées par l’extension. Le calendrier et la rédaction finale du texte seront rendus publics lors du dépôt officiel à l’Assemblée nationale. De même, le montant et la nature exacte des « économies » évoquées pour financer des mesures sur les franchises médicales seront des points d’attention pour les groupes parlementaires et les acteurs sociaux.
Sans ces précisions, le contexte politique demeure marqué par des négociations entre l’exécutif et la gauche parlementaire, et par l’incertitude quant au comportement des députés au moment du vote. Le Parlement aura la compétence pour approuver, amender ou rejeter la proposition portée par le gouvernement.
En l’état, l’annonce de Maud Bregeon organise un cadre de discussion élargi autour de la suspension de la réforme des retraites, tout en renvoyant aux prochaines étapes parlementaires la définition précise des publics concernés et la façon dont les mesures envisagées seront financées.





