« On chemine doucement vers un mur. » Cette confidence d’Olivier Faure, rapportée à quelques proches, a servi de condensé à une journée morose pour le Parti socialiste. Elle illustre l’état d’esprit, entre résignation et exaspération, à l’issue d’un rendez‑vous politique qui n’a pas produit les résultats attendus.
Un déjeuner imprévu à Matignon
Vendredi 31 octobre, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, ont quitté la table de Matignon visiblement insatisfaits. Le déjeuner, organisé à la dernière minute à l’invitation du premier ministre, Sébastien Lecornu, visait visiblement à trouver des points d’accord ou à apaiser des tensions, selon les participants cités.
Sortis de cette réunion, les deux responsables socialistes ont résumé l’état des discussions par le mot « désabusés ». Olivier Faure a jugé le rendez‑vous « un déjeuner pour rien, où nous n’avons pas avancé ni abouti », phrase qui résume le bilan que se font les équipes socialistes de cet échange informel.
Le vote qui suit : deux textes rejetés
Quelques heures après ce déjeuner, l’Assemblée nationale a tranché. Une majorité de députés a rejeté la taxe dite Zucman lors d’un vote, selon le compte rendu des événements. La proposition et sa version allégée — connue sous le nom de taxe « Mercier » — ont été toutes deux balayées.
La taxe « Mercier » était présentée comme un compromis porté par les socialistes : elle visait à taxer les patrimoines dès 10 millions d’euros, à un taux de 3 %. Le texte, qui excluait les biens professionnels, avait été conçu pour répondre à certaines préoccupations exprimées par les macronistes, sans toutefois recueillir l’adhésion de la majorité parlementaire nécessaire.
Le rejet concomitant de la version initiale et de la version allégée confère à la journée un caractère symbolique : non seulement la proposition la plus ambitieuse n’a pas passé l’épreuve du vote, mais la tentative de compromis n’a pas non plus suffi à rassembler.
Ce que disent les acteurs et les enjeux immédiats
Les termes employés par Olivier Faure — image d’un chemin aboutissant à un mur — et la formule « déjeuner pour rien » traduisent une double frustration : celle d’une incapacité à faire aboutir une réforme jugée importante par une partie de la gauche, et celle d’une difficulté à obtenir des concessions substantielles au sein de la majorité parlementaire.
Pour les socialistes, la taxe « Mercier » représentait un compromis susceptible d’adresser la question des grandes fortunes tout en préservant l’activité des entreprises. Pour d’autres acteurs politiques, ce compromis n’était pas suffisant ou ne correspondait pas aux priorités législatives. Le résultat du vote laisse les socialistes, selon leurs propres mots, « insatisfaits sinon désabusés ».
Sur le plan politique, l’échec du vote renforce l’idée d’un rapport de forces compliqué entre le gouvernement et la gauche parlementaire. Il pose aussi la question des voies possibles pour porter à nouveau, ou différemment, la problématique de la taxation des patrimoines si les acteurs souhaitent relancer le dossier.
À court terme, la journée restera comme un moment de tension et de désillusion pour les protagonistes socialistes. Le déjeuner à Matignon, convoqué « à la dernière minute », et le rejet des deux textes à l’Assemblée constituent des étapes qui illustrent la difficulté à concilier ambitions politiques et réalités parlementaires.
Sans nouvelle initiative formalisée annoncée dans le compte rendu public de ces événements, les acteurs politiques concernés devront décider des suites à donner. Pour l’instant, le constat dominant au sein du Parti socialiste, tel que rapporté par ses dirigeants, est celui d’un espoir de négociation déçu et d’un chantier fiscal qui reste à reprendre.





