Ancienne ministre sous les présidences de François Hollande puis d’Emmanuel Macron, Annick Girardin, aujourd’hui sénatrice (Parti radical) de Saint‑Pierre‑et‑Miquelon, a relancé la question du fédéralisme lors d’un débat sénatorial consacré à la décentralisation. Elle est intervenue « Mardi 4 novembre » — la prise de parole rapportée ne précise pas l’année — pour souligner la place particulière de son archipel, situé « au cœur du bassin nord‑américain ».
Des expériences personnelles invoquées pour interroger le modèle français
Dans son intervention, Annick Girardin a expliqué qu’elle avait été « immergée dans un environnement fédéral », formule par laquelle elle a évoqué son expérience et sa proximité géographique et institutionnelle avec des systèmes fédéraux voisins. En approfondissant le sujet, elle a dit s’être posée une question politique nette : « Et si la France de demain s’inspirait du modèle fédéraliste ? »
La sénatrice n’a pas livré, dans le propos rapporté, de plan détaillé pour traduire cette interrogation en propositions législatives. Son intervention a davantage servi à introduire le thème du fédéralisme dans un débat plus large sur la décentralisation et l’organisation territoriale de la République.
Un autre ancien ministre plaide pour une « révolution territoriale »
Jean‑Baptiste Lemoyne, également ancien ministre et aujourd’hui sénateur (Renaissance) de l’Yonne, a rejoint ce questionnement sous un angle critique du modèle actuel. Estimant que « le système est au bout du rouleau », il a jugé que la France devait envisager des transformations profondes de son organisation territoriale.
Pour illustrer son propos, M. Lemoyne a cité « le principe fédératif de Proudhon », qu’il présente comme une source d’inspiration possible pour cette « révolution territoriale » qu’il appelle de ses vœux. La référence renvoie au penseur socialiste Pierre‑Joseph Proudhon (1809‑1865), pour qui le gouvernement idéal s’organise selon des principes fédéraux.
La référence à Proudhon : historique et portée
La mention de Pierre‑Joseph Proudhon s’inscrit dans une tradition de pensée politique française qui, depuis le XIXe siècle, interroge la place de l’État et la répartition du pouvoir entre centre et territoires. Le rapport cité à Proudhon vise à légitimer l’idée selon laquelle une architecture politique fondée sur le fédéralisme pourrait répondre à des dysfonctionnements perçus du modèle unitaire actuel.
Il convient de noter que la référence intellectuelle ne préjuge pas d’un large consensus politique. Proudhon reste une figure complexe, et son usage contemporain sert surtout d’argument rhétorique dans le débat sur la réforme institutionnelle plutôt que d’invocation d’un projet précis et immédiatement applicable.
Des positions divergentes et un débat qui revient
Tous les sénateurs n’étaient pas sur la même ligne lors de ce débat, et les interventions rapportées montrent des sensibilités distinctes face aux questions de décentralisation et de réforme territoriale. Malgré ces différences, le fédéralisme revient avec insistance ces dernières semaines dans le débat politique, selon les interventions citées.
La question posée — « n’est‑il pas temps de faire de la France, comme beaucoup de ses voisins, une République fédérale ? » — résonne comme une invitation à relancer la réflexion institutionnelle. Elle soulève toutefois des enjeux concrets et techniques importants : répartition des compétences, protection des principes républicains, garanties d’égalité entre citoyens, et modalités de transition institutionnelle. Ces aspects n’ont pas été détaillés dans les prises de parole rapportées.
Le débat au Sénat, tel qu’il a été restitué, montre que l’idée fédérale sert aujourd’hui de levier de discussion pour interroger l’avenir de la décentralisation en France. Reste à savoir si cette réactivation du thème se traduira, à moyen terme, par des propositions formelles ou par des travaux parlementaires approfondis.





