Robert Badinter, artisan de l’abolition et défenseur des libertés : son héritage politique, juridique et pédagogique après son entrée au Panthéon

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Entré au Panthéon le 9 octobre, Robert Badinter (1928-2024) est célébré comme l’artisan de l’abolition de la peine de mort et figure de la « gauche morale ». Ancien garde des sceaux de Mitterrand, son héritage repose sur la défense des libertés, la pédagogie juridique et l’influence des convictions sur la vie politique.

Au moment d’entrer au Panthéon, jeudi 9 octobre, Robert Badinter (1928-2024) a été présenté comme une figure consensuelle et presque symbolique d’une gauche morale dont, selon certains, il reste peu d’exemplaires. Artisan majeur de l’abolition de la peine de mort, ancien garde des sceaux (1981-1986), il est décrit par ses pairs comme une personnalité qui a marqué le paysage politique par la force de ses convictions plus que par une trajectoire électorale classique.

Une réputation de « gauche morale »

Parler de Robert Badinter, à gauche, suscite une forme de nostalgie. L’ancien président de la République François Hollande (2012-2017) le résume ainsi : « Socialiste mais socialiste de loin ». Dans le même temps, Hollande lui reconnaît « une conception courageuse de l’action politique ». Ces mots tracent le portrait d’un homme dont l’autorité morale et la pédagogie ont souvent prévalu sur les ambitions partisanes.

Selon Hollande, Badinter a fait preuve d’un « courage pour l’abolition, pour affronter la vindicte, les manifestations de policiers, pour assumer ce qu’il pensait être sa vérité ». Cette phrase souligne l’importance de sa posture publique lors des débats qui ont mené à la suppression de la peine capitale, et rappelle le contexte conflictuel de cette réforme.

Une stature personnelle plus que politique

La dignité et la posture de Badinter sont également mises en avant : « un peu au‑dessus, morale, doublée d’une forme d’intransigeance un peu hautaine parfois, mais toujours avec pédagogie ». Ces qualificatifs, rapportés par Hollande, esquissent la figure d’un intellectuel exigeant — parfois perçu comme distant — mais capable d’expliquer et de défendre ses positions.

Sur le plan électoral, cette attitude n’a pas toujours payé. L’ancien garde des sceaux n’a obtenu qu’une seule victoire électorale notable, son entrée au Sénat en 1995, ce qui n’a pas empêché son influence de s’étendre au‑delà des urnes. Son rôle demeure avant tout celui d’un orateur, d’un juriste et d’un artisan des réformes.

Un acteur des années Mitterrand et de la recomposition de la gauche

Robert Badinter appartenait à la génération d’intellectuels que François Mitterrand (président de la République de 1981 à 1995) a su rassembler. Ces personnalités ont contribué à renouveler l’ancrage du Parti socialiste et à élargir son audience.

Le petit ouvrage Libertés, libertés, publié en 1976 chez Gallimard et issu du comité pour une charte des libertés qu’animait Robert Badinter, est cité comme un jalon de cette période. Selon l’historien du Parti socialiste Gilles Candar, ce livre « sème les graines des futures 110 propositions pour l’élection présidentielle de 1981 » et participe à la séduction d’une gauche non communiste, notamment auprès d’un électorat composé de professeurs et de professions intellectuelles.

Un héritage centré sur les libertés

L’héritage de Robert Badinter se lit principalement à travers sa défense des libertés et de l’État de droit. L’abolition de la peine de mort reste l’événement le plus connu et le plus cité de son action publique. Mais son influence intellectuelle dépasse cette seule décision : elle s’inscrit dans un effort plus vaste de reformulation des valeurs et des propositions de la gauche des années 1970 et 1980.

Entré au Panthéon le jeudi 9 octobre, Robert Badinter y a été célébré non seulement pour un acte politique précis, mais pour l’ensemble d’une trajectoire où la parole publique et la pédagogie juridique ont pesé plus que la recherche de mandats électifs. Son nom reste associé, pour ses soutiens et pour les observateurs, à une conception de l’action politique fondée sur des principes et sur la capacité à convaincre par le droit et la résonance morale.

Parlons Politique

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