La cérémonie s’est déroulée dans un climat grave, calme et solennel, selon la volonté exprimée par son épouse.
Une entrée et un hommage symboliques
Jeudi 9 octobre, Robert Badinter est entré au Panthéon, accueilli par une foule nombreuse et recueillie. Il repose symboliquement auprès de figures des Lumières — l’abbé Grégoire, Gaspard Monge et Nicolas Condorcet — ce dernier qualifié dans le discours de « double » du XVIIIᵉ siècle, auquel M. Badinter avait consacré une biographie minutieuse coécrite avec Élisabeth Badinter (Fayard, 1988).
L’hommage républicain, dense et d’une heure, s’est tenu devant plusieurs personnalités politiques et institutionnelles, parmi lesquelles figuraient des ministres démissionnaires.
Présences politiques et réactions du public
Parmi les ministres présents étaient Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin et Rachida Dati. Des anciens premiers ministres et des invités protocolaires assistaient également à la cérémonie. Sur le parvis et dans la nef, les échanges entre personnalités ont ponctué l’événement : Dominique de Villepin conversant avec Michel Barnier, Gérard Larcher aux côtés de François Bayrou.
François Hollande est arrivé in extremis, tandis que Nicolas Sarkozy a choisi de s’abstenir. Ces présences et absences ont contribué à la dimension politique mesurée de la cérémonie.
À l’extérieur, rue Soufflot, l’image donnée par les télévisions et les écrans géants a pris un tour particulier : lorsque les images de l’intérieur ont été retransmises au public massé, des sifflets se sont fait entendre. La télévision a alors mis en avant le profil de Robert Badinter, remplaçant le « ballet » des politiques sur les écrans géants et recentrant l’attention sur l’hommage au défunt.
Sélection des invités et choix familiaux
Mme Badinter avait pris la décision de ne pas inclure les représentants de La France insoumise et du Rassemblement national parmi les invités. Ils ne figuraient en effet pas dans la cinquantaine d’invités choisis par la famille Badinter, qui comprenait des juristes, des universitaires, des amis et des acteurs, parmi lesquels Charles Berling et Sandrine Kiberlain.
La liste des convives retenus par la famille témoigne d’un choix orienté vers des proches professionnels et personnels, conformément à la volonté d’une cérémonie maîtrisée et intime malgré son caractère républicain et public.
Un passage marquant : la présence de Philippe Maurice
Parmi les invités figurait Philippe Maurice, condamné à mort puis gracié par François Mitterrand le 25 mai 1981. Robert Badinter le visitait en prison et l’avait encouragé à reprendre ses études. La trajectoire de M. Maurice illustre un épisode concret de l’engagement de M. Badinter : après sa libération, le détenu a obtenu son baccalauréat puis, en 1995, une thèse de doctorat en histoire médiévale.
La présence de M. Maurice à la cérémonie a été mise en avant comme un témoignage vivant des actions individuelles suscitées par l’accompagnement et la défense des droits dans des situations extrêmes.
En conclusion, la cérémonie a respecté la tonalité souhaitée par la famille : sobre, fondée sur un hommage républicain et marqué par des choix précis d’invités. Les images et réactions du public ont rappelé combien la figure honorée restait au centre de l’attention, au-delà des postures politiques et des discussions entre personnalités présentes.