Une prolongation annoncée le 27 novembre 2025
Matignon a annoncé, jeudi 27 novembre 2025, que la « grande cause nationale » 2026 serait, comme en 2025, consacrée à la santé mentale. La décision fait suite à une réunion réunissant Sébastien Lecornu, la ministre de la Santé Stéphanie Rist, et l’ancien premier ministre Michel Barnier, indique le communiqué gouvernemental.
Selon Matignon, cette première année a « ouvert un nouveau chapitre dans la manière d’aborder la santé mentale en France : une parole simple, directe, bienveillante et accessible partout sur le territoire ». Le gouvernement ajoute que, désormais, il s’agit d’« aller plus loin : renforcer la coordination interministérielle, amplifier le soutien aux familles, aux associations et aux territoires, et poursuivre l’élan collectif qui a émergé en 2025 ».
Des actions « plus concrètes » attendues
Le communiqué insiste sur la nécessité de traduire la prolongation par « des actions plus concrètes et plus visibles pour les Français », notamment en « appuyant davantage les initiatives locales ». Sont citées les écoles, les associations et les entreprises comme lieux d’intervention prioritaires, ainsi que l’amélioration de la connaissance des ressources d’aide.
Le gouvernement souhaite également « intégrer la santé mentale à toutes les politiques publiques », une formule qui renvoie à une approche transversale visant à inscrire le sujet dans des champs comme l’éducation, l’emploi et les politiques territoriales.
Un plaidoyer pour plus de continuité politique
La demande de prolongation avait été exprimée une semaine plus tôt par Michel Barnier devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les défaillances des politiques publiques en matière de santé mentale et de handicap. Barnier, qui avait annoncé l’initiative en septembre 2024 et contribué à son lancement en janvier 2025, s’est dit « très frappé (…) que la volonté s’émousse si elle n’est pas soutenue. Il y a les changements de premier ministre, de ministres, le rythme de changement des ministres de la santé absolument insensé. Donc, je pense qu’il faut plus de temps ».
Par cette intervention, l’ancien chef du gouvernement a plaidé pour une durée supplémentaire afin d’offrir davantage de stabilité aux actions engagées et au suivi des mesures sur le terrain.
Critiques et réserves des parlementaires et soignants
La prolongation intervient alors que des voix se sont élevées pour dénoncer la lenteur de la mise en œuvre des mesures. Nicole Dubré-Chirat (EPR), présidente de la commission d’enquête, avait alerté sur le fait que « les actions n’ont pas été assez vite par rapport aux difficultés sur le territoire » et que « on prend du retard sur la santé mentale déjà des jeunes ».
Dans le même temps, des soignants ont jugé les initiatives gouvernementales insuffisantes. Le gouvernement avait dévoilé en juin 2025 un plan visant à mieux repérer et soigner les troubles psychiques et à rendre la psychiatrie publique plus attractive. Ce plan n’a pas convaincu une partie du milieu médical, qui a dénoncé des « mesures insuffisantes » et une « insuffisance de moyens financiers ».
Objectifs concrets et enjeux locaux
Le gouvernement met l’accent sur la coordination interministérielle et le renforcement du soutien aux acteurs locaux. L’idée est d’accentuer les moyens d’accompagnement des familles, d’aider les associations et d’adapter l’offre aux spécificités territoriales.
La réussite de cette phase dépendra en grande partie de la traduction locale des engagements nationaux, et de la capacité des administrations et des partenaires à mobiliser des ressources humaines et financières sur le terrain.
La prolongation à l’année 2026 marque, selon l’État, la volonté de transformer un éveil collectif en politiques publiques visibles et durables. Les responsables politiques et professionnels de santé resteront attentifs aux actes concrets et au calendrier de mise en œuvre annoncés par le gouvernement.





