Sébastien Lecornu démissionne : le plus éphémère des premiers ministres de la Ve République, 27 jours et une recomposition politique à l’Élysée

Share This Article:

Sébastien Lecornu a annoncé sa démission le 6 octobre, devenant l’un des premiers ministres les plus éphémères de la Ve République : son gouvernement a tenu officiellement 836 minutes (27 jours au total). Face à la menace d’une motion de censure et aux critiques du « socle commun », ce départ relance la recomposition politique à l’Élysée et interroge la stabilité de l’exécutif.

Sébastien Lecornu a annoncé sa démission et se présente d’emblée comme l’un des premiers ministres les plus éphémères de la Ve République. Ancien ministre des Armées, il a remis sa démission à Emmanuel Macron « lundi 6 octobre », après seulement 27 jours à Matignon, et moins de vingt-quatre heures après avoir rendu publique la composition de son gouvernement.

Démission, contexte et réactions

Les oppositions de gauche et d’extrême droite menaçaient déjà d’engager une motion de censure dès cette semaine, peu convaincues par la physionomie d’une équipe largement inspirée du gouvernement sortant de François Bayrou et par l’absence de concessions sur le projet de budget.

Les critiques les plus virulentes sont néanmoins venues du « socle commun », l’alliance de la droite et du centre censée le soutenir. Gabriel Attal, patron du parti Renaissance, a qualifié la situation de « spectacle affligeant ». Bruno Retailleau, patron des Républicains (LR) — qui venait pourtant d’être reconduit au poste de ministre de l’Intérieur — a estimé que la composition gouvernementale « ne reflète pas la rupture promise ».

Ce maelström politique s’est conclu par une démission rapide, officialisée par la présidence de la République le lundi matin suivant l’annonce des ministres.

Un mandat record : 836 minutes

La brièveté du mandat de M. Lecornu est exceptionnelle. La liste de ses ministres a été égrenée à l’entrée de l’Élysée le dimanche 5 octobre à 19 h 45, et la démission a été rendue officielle lundi à 9 h 41. La durée officielle du gouvernement Lecornu est ainsi de 836 minutes.

Ce chiffre fait de lui, selon le décompte rapporté, le chef du gouvernement dont l’existence a été la plus brève depuis au moins un siècle. Le tempo de l’affaire — nomination publique des ministres un soir puis chute officielle le lendemain matin — illustre l’ampleur du désaveu politique auquel il a été confronté.

Comparaisons avec d’autres gouvernements brefs

Sur le plan contemporain, le passage de M. Lecornu à Matignon efface largement le « record » précédemment détenu par Michel Barnier (LR), qui avait occupé fonctions pendant un peu moins de trois mois à la fin de l’année 2024.

À une plus grande échelle historique, l’écart avec des longs mandats est notable : Georges Pompidou, nommé en avril 1962, restera dans les mémoires pour avoir été, après une motion de censure à l’automne suivant, reconduit et finalement demeuré premier ministre jusqu’en 1968.

Les précédents de gouvernements fulgurants existent toutefois dans l’histoire républicaine française, et ils offrent des points de comparaison instructifs.

Précédents historiques : Ribot et François‑Marsal

Le premier parallèle remonte à Alexandre Ribot, sous la IIIe République. Le 9 juin 1914, ce magistrat et conseiller d’État forme son nouveau cabinet — le troisième qu’il dirige sous la IIIe République — mais il est renversé trois jours plus tard, le jour même de la présentation de son gouvernement à l’Assemblée nationale. L’affaire passe ensuite au second plan avec l’irruption de la Première Guerre mondiale, deux mois plus tard. Malgré cet échec, Ribot revient rapidement aux affaires et occupe de nouveau des responsabilités ministérielles.

Autre exemple, plus tardif : Frédéric François‑Marsal, nommé président du Conseil le 8 juin 1924, constitue son gouvernement le lendemain et s’attribue le portefeuille des Finances. Le cabinet est renversé par la Chambre des députés dès le jour suivant, après une confrontation politique intense liée au rapport entre le président de la République de l’époque et la majorité parlementaire.

Ces précédents montrent que, si la durée d’un gouvernement n’est pas toujours une mesure directe de sa portée politique, une chute rapide traduit de fortes tensions entre l’exécutif et les forces parlementaires.

Portée politique et enseignements

La démission de M. Lecornu après 27 jours et 836 minutes de gouvernement marque un épisode de désordre institutionnel et politique. Elle souligne la fragilité d’un exécutif qui n’a pas su, en quelques jours, stabiliser une majorité et convaincre ses alliés et opposants.

Sur le plan pratique, cette séquence contraint l’Élysée et les partis impliqués à relancer des consultations pour désigner un successeur et recomposer une équipe susceptible d’obtenir la confiance. Elle pose aussi la question de la lisibilité politique d’un exécutif dont la composition et le positionnement n’ont pas satisfait le socle qui devait le soutenir.

Ce cas restera, au moins pour l’instant, un exemple de gouvernement « mort-né », que l’histoire républicaine compare aux rares mais notoires échecs gouvernementaux du siècle passé.

Parlons Politique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Subscribe To Our Newsletter

No spam, notifications only about new products, updates.

[contact-form-7 id="b565394" title="Untitled"]

L’actu politique, sans détour

En bref

Parlons Politique décrypte l’actualité française et internationale avec clarté et précision en utilisant l’IA.

Analyses, débats et enquêtes : notre rédaction s’engage à vous offrir une information fiable, accessible à tous et sans détour.

© 2025 Parlons Politique