Le premier ministre, Sébastien Lecornu, a adressé dans la nuit de samedi 4 à dimanche 5 octobre une « feuille de route gouvernementale » aux dirigeants du socle commun — Renaissance, Les Républicains (LR), MoDem, Horizons et Union des démocrates et indépendants (UDI). Le document, révélé par BFM‑TV et que l’Agence France‑Presse s’est procuré, appelle ces partis à « s’unir » autour de priorités communes malgré leurs « différences ».
Les priorités énoncées
Dans sa lettre aux responsables du camp présidentiel et aux Républicains, M. Lecornu détaille plusieurs axes jugés prioritaires pour le gouvernement. Il écrit notamment : « Tout en restant fidèle à nos valeurs, et en prenant acte de nos différences, nous avons décidé d’une feuille de route qui nous rassemble. »
Parmi les principaux objectifs figure la préparation d’un budget pour l’année 2026. Le premier ministre rappelle que, « le soutien du socle commun est le préalable indispensable » pour doter la France de ce budget, alors que la majorité parlementaire reste « très relative ». Il souligne que le gouvernement devra donc négocier et faire des compromis sans « abandonner pour autant ses convictions ».
Lecornu plaide pour un effort budgétaire porté « essentiellement sur la réduction de la dépense publique ». Il appelle aussi à répondre « à la demande de justice fiscale exprimée par nos concitoyens » et ajoute que certains impôts « devront impérativement baisser pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises ».
Le chef du gouvernement annonce par ailleurs la présentation « dans les tout prochains jours » d’un projet de loi de lutte contre la fraude fiscale et sociale. Ce texte, préparé sous le mandat de son prédécesseur François Bayrou, vise selon la lettre à dégager 2,3 milliards d’euros de recettes supplémentaires.
Sécurité et immigration : des points de tension
À l’adresse notamment des Républicains, Sébastien Lecornu affirme que « la sécurité du quotidien et la lutte contre les incivilités continueront d’être une priorité majeure ». Il place aussi la question de l’immigration au cœur du document, promettant une action contre « l’immigration irrégulière par la mise en œuvre de solutions techniques et efficaces ».
Ces formulations interviennent alors que LR, dirigé au Sénat par Bruno Retailleau, intensifie la pression depuis plusieurs jours. Le parti déplore que certaines de ses revendications — et en particulier celles portant sur l’immigration — ne soient pas suffisamment prises en compte.
Les parlementaires Les Républicains, qui attendaient ce courrier, devaient se réunir en visioconférence dimanche pour décider d’une position commune. Le MoDem, qui avait lui aussi adressé une lettre à M. Lecornu samedi, prévoyait de débattre d’une réponse dimanche après‑midi.
Un calendrier serré et des incertitudes
Le premier ministre précise que la feuille de route est « par construction incomplète ». Il soigne en parallèle la composition de son futur gouvernement, sans certitude à ce stade quant à la participation des Républicains. Selon le document, l’équipe ministérielle devrait être resserrée, autour d’une vingtaine à une trentaine de membres — un effectif indiqué comme proche de 25 personnes.
M. Lecornu doit prononcer mardi après‑midi sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. D’ici là, il finalisera la liste des ministres et cherchera à sécuriser les soutiens nécessaires pour faire adopter son budget et ses réformes.
Le ton du courrier mise sur la recherche d’un terrain d’entente entre formations aux positions parfois divergentes. Les détails concrets des mesures, et l’acceptation de ce compromis par chaque parti du socle, restent toutefois à confirmer au fil des prochaines heures et des réunions politiques programmées.
Le document transmis par Matignon et rendu public par BFM‑TV, dont une copie a été obtenue par l’Agence France‑Presse, constitue pour l’exécutif un cadre de négociation. Il fixe des priorités budgétaires, fiscales et sécuritaires mais laisse ouvertes plusieurs questions sur les modalités d’application et l’ampleur des concessions politiques à prévoir.