Sébastien Lecornu a multiplié les rendez‑vous avec les syndicats mais sans dévoiler ses orientations. Lundi 22 septembre, le premier ministre a reçu le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, après une série d’entretiens qui ont, selon le calendrier officiel, rassemblé les responsables des quatre autres syndicats représentatifs à l’échelon interprofessionnel durant les dix jours précédents. Ces rencontres avaient pour objet d’instaurer un dialogue direct entre l’exécutif et les organisations de salariés à un moment socialement tendu.
Des entretiens aux contours limités
Aux yeux de plusieurs syndicats, les entretiens menés par M. Lecornu ont donné l’impression d’une disposition à discuter sans pour autant préciser la direction politique envisagée. Plusieurs invités ont, d’après des comptes rendus concordants, perçu une ouverture de forme — disponibilité, écoute — mais notent l’absence d’annonces concrètes sur les mesures à venir. La CGT a interprété cette réserve comme un signal négatif, jugeant que le manque de clarté sur les intentions gouvernementales compromet la confiance nécessaire à une négociation apaisée.
Lundi 22 septembre marque donc une étape de contact mais non une résolution des désaccords : les syndicats attendent désormais des réponses plus tangibles lors du prochain rendez‑vous collectif.
Un rendez‑vous collectif attendu à Matignon
Un nouveau temps d’échange est programmé mercredi à l’hôtel de Matignon, auquel participeront cette fois l’ensemble des protagonistes cités lors des entretiens bilatéraux, ainsi que des délégations de la FSU, de Solidaires et de l’UNSA. Les organisations de salariés, ayant obtenu d’être reçues, espèrent que cette réunion collective permettra d’obtenir des réponses précises à leurs revendications. Le format réunissant toutes les parties vise à limiter les effets de dispersion et à confronter plus clairement positions et propositions.
La tenue d’une réunion commune peut rapprocher les parties si le gouvernement formule des propositions chiffrées ou des calendriers, ou au contraire cristalliser les tensions si les échanges restent vagues. Les acteurs syndicaux misent sur un dialogue plus structuré pour évaluer la possibilité d’accords ou la nécessité d’actions supplémentaires.
Un contexte social déjà agité
La méthode de M. Lecornu pour nouer des relations avec les syndicats prend une importance accrue en raison d’un contexte social jugé « effervescent » depuis plusieurs semaines. Le premier ministre doit parallèlement constituer son gouvernement et obtenir le soutien, ou à tout le moins la mansuétude, d’une majorité de députés pour assurer sa survie politique. Cette double contrainte — composer avec l’exécutif et apaiser la rue — rend la marge de manœuvre du chef du gouvernement étroite.
Depuis le 10 septembre, le pays a connu deux journées de mobilisation significatives. La première, portée par le mouvement « Bloquons tout », s’est déroulée le 10 septembre. La seconde mobilisation, lancée par l’intersyndicale, a eu lieu huit jours plus tard, soit le 18 septembre. Ces journées témoignent d’un niveau de mobilisation capable d’affecter le calendrier politique et d’intensifier la pression sur l’exécutif.
Enjeux et scénarios possibles
Plusieurs scénarios sont envisageables sans qu’aucun d’eux puisse être affirmé à ce stade. Le gouvernement peut choisir d’ouvrir des négociations ciblées avec des propositions précises sur les points de revendication, ce qui pourrait temporiser la mobilisation. À l’inverse, l’absence d’offres chiffrées ou de calendrier précis pourrait conduire les syndicats à maintenir ou amplifier les actions collectives pour obtenir des concessions.
La portée réelle de ces entretiens dépendra aussi de la capacité des syndicats à faire converger leurs demandes lors de la réunion collective et de la volonté de l’exécutif d’inscrire des réponses dans un calendrier lisible. Pour l’heure, la tonalité des échanges reste au stade de la mise en relation et de la clarification des positions plutôt que de la conclusion d’accords.
La séquence des prochains jours, centrée sur la réunion de mercredi à Matignon, devrait permettre de mesurer si le gouvernement entend transformer ces rencontres en une négociation opérationnelle ou s’il maintient une posture d’attente, renforçant ainsi l’incertitude politique et sociale.
En l’absence d’annonces publiques chiffrées et faute d’éléments nouveaux rendus disponibles au moment des entretiens bilatéraux, les interlocuteurs syndicaux et l’opinion publique attendent désormais des signes tangibles traduisant une évolution des orientations gouvernementales.