Le détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), dont la permission de sortie avait provoqué une vive polémique, est rentré lundi 24 novembre dans la soirée au sein de la prison, a indiqué l’Agence France-Presse (AFP) auprès du ministère de la Justice.
Retour en établissement et déroulé officiel
Selon le ministère, « il est bien rentré, il a passé le greffe et a été remisé en cellule ». L’administration pénitentiaire n’a « pas eu d’informations allant dans le sens » d’incidents pendant la journée, et précise que le détenu « a respecté les indications horaires de sa permission de sortir », laquelle prenait fin à 21 heures.
La sortie du détenu avait été constatée tôt lundi matin : il avait quitté l’établissement vers 7 h 40, et l’AFP avait alors observé plusieurs véhicules sortir en même temps, dont une voiture banalisée et un van appartenant à la SNCF. La procédure afférente à ce type de permission se déroule sans escorte, mais, d’après l’entourage du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, « un dispositif » était prévu pour la journée.
Position de la défense et motif de la sortie
Sur BFMTV, l’avocate du détenu, Marie Violleau, a expliqué : « Il n’est pas surveillé, il n’est pas escorté. Il y a quelqu’un de son entourage qui est venu le chercher et (…) conformément à la décision judiciaire qui a été rendue par le juge judiciaire, il va d’un point A à un point B pour préparer, muscler, renforcer sa réinsertion ». Elle a ensuite déclaré sur RTL que « le scandale, ce n’est pas qu’il ait obtenu une permission de sortir mais bien qu’il ait été affecté » au QLCO de Vendin-le-Vieil, précisant qu’elle avait contesté cette affectation en justice, en vain.
La permission avait été accordée par un juge d’application des peines, et confirmée par la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai, malgré un avis défavorable du parquet de Béthune. Le détenu, libérable en 2029, avait rendez-vous avec un potentiel employeur dans l’agglomération lyonnaise.
Identité et antécédents rapportés
Selon une source syndicale citée par l’AFP, il s’agit de Ouaihid Ben Faïza, 52 ans, présenté comme un membre important d’un vaste réseau de trafic de drogue de Seine-Saint-Denis. Cette même source rappelle qu’en 2014, alors qu’il était incarcéré à la prison de Villepinte depuis trois ans, il s’était évadé à la sortie d’une consultation à l’hôpital avec l’aide d’un commando armé ; sa cavale avait duré deux semaines.
Ces éléments, rapportés par une source syndicale, figurent dans les éléments d’information disponibles et ont alimenté la controverse publique autour de la décision accordant la permission de sortie.
Réactions des acteurs pénitentiaires et mesures annoncées
La permission accordée à un détenu au profil qualifié de narcotrafiquant a suscité de vives réactions, notamment parmi les syndicats d’agents pénitentiaires. Thomas Vaugrand, secrétaire général du syndicat UFAP‑UNSa Justice dans les Hauts‑de‑France, a jugé que « ça ne va pas avec les conditions d’isolement » prévues pour les détenus narcotrafiquants dans les QLCO créés cette année. « On a dit qu’il fallait les couper du monde (…) et aujourd’hui on le laisse sortir dans la nature, tout seul », a-t-il ajouté.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé dimanche son intention de modifier les règles d’application des peines en matière de criminalité organisée. Il propose, a-t-il indiqué, de créer, « comme en matière de terrorisme, un droit spécifique et un juge d’application spécialisé qui connaît parfaitement les profils dangereux ».
Les extractions depuis ces quartiers spéciaux sont en principe très limitées, afin de réduire au maximum les transports et les risques d’évasion. Cette exigence a été rappelée au regard d’une affaire récente : l’évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra en 2024, qui a conduit à la mort de deux agents pénitentiaires dans l’Eure. M. Amra est aujourd’hui détenu au QLCO de Vendin-le-Vieil.
La décision judiciaire ayant autorisé la permission et ses motifs figurent au cœur du débat entre autorités judiciaires, ministère et syndicats, tandis que l’administration affirme que les règles ont été respectées au cours de cette journée de sortie.





