Bayrou multiplie les consultations à Matignon avant le vote de confiance
François Bayrou a poursuivi, mardi 2 septembre, ses séries de rencontres avec les chefs de partis à Matignon dans l’espoir d’obtenir la confiance de l’Assemblée avant le vote prévu le lundi 8 septembre.
Au terme de ces entretiens, plusieurs responsables politiques ont confirmé des positions tranchées, tandis que d’autres ont évoqué une ouverture sur certains points du plan d’orientations budgétaires présenté en juillet par le premier ministre.
Renaissance : pas de volonté de faire chuter le gouvernement, mais des désaccords
Gabriel Attal, secrétaire général du parti Renaissance, a déclaré à sa sortie de Matignon que son groupe « ne voterait pas pour faire chuter le gouvernement ». Il a néanmoins exprimé « un désaccord sur certaines mesures » du plan, citant notamment la suppression de deux jours fériés.
M. Attal a appelé à « travailler avec les autres forces politiques » pour « chercher le compromis ». Il a par ailleurs souligné une priorité temporelle : « La date majeure pour notre pays c’est le 31 décembre », insistant sur la nécessité d’adopter un budget d’ici à la fin de l’année.
Le Rassemblement national confirme son opposition
Sans surprise, les responsables du Rassemblement national (RN), reçus dans la matinée, ont annoncé qu’ils voteraient contre la confiance. « Le miracle n’a pas eu lieu », a résumé Jordan Bardella, président du RN.
M. Bardella a affirmé être en « désaccord total avec les orientations » budgétaires présentées par François Bayrou, évoquant des « lignes rouges nocives pour le pays et extrêmement injustes pour les Français » et estimant que « la mauvaise dépense publique n’[était] pas traitée » dans le plan.
La cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, a reproché au premier ministre « d’avoir fait le choix d’appuyer sur le siège éjectable et de faire des consultations a posteriori ». « S’il avait vraiment souhaité entendre les différents partis politiques, tout cela aurait été fait dès le mois de juillet », a-t-elle ajouté.
Mme Le Pen a de plus appelé à une « dissolution ultrarapide » afin qu’une « nouvelle majorité (…) puisse construire un budget ».
Les Républicains demandent des concessions, notamment sur les jours fériés
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et président du parti Les Républicains, a dit avoir demandé que « un certain nombre de mesures qui heurtent les Français puissent être soustraites, retirées du plan [d’orientations budgétaires de François Bayrou] ».
Il a martelé la question centrale : « La question posée est de savoir si la question de la dette astronomique qui pèse sur les épaules de tous les Français est une menace ou pas ». Aux côtés de Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR, M. Retailleau a indiqué que le locataire de Matignon « s’[était] montré ouvert » à des discussions, notamment concernant la suppression proposée à la mi-juillet du lundi de Pâques et du 8‑Mai.
Place publique et la nécessité d’un processus de négociation
Raphaël Glucksmann, président de Place publique, a invité le premier ministre à revenir sur sa décision de solliciter un vote de confiance. Selon lui, « l’annonce du vote du 8 septembre a cassé la possibilité de (…) négociations [sur le projet de budget] ».
Accompagné par le député Aurélien Rousseau et l’eurodéputée Aurore Lalucq, M. Glucksmann a plaidé pour « un processus de négociation » permettant d’« obtenir une majorité pour un budget ». Il a également demandé au président de la République, Emmanuel Macron, de « revenir sur la politique fiscale (…) menée ces huit dernières années », estimant que sans ce geste « il n’y aura pas de compromis possible ».
Les prochaines étapes et le camp gouvernemental
François Bayrou doit encore recevoir, jeudi 4 septembre, les dirigeants du Parti socialiste (PS). Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a toutefois prévenu que la décision de sa formation de ne pas voter la confiance était « irrévocable ».
Parallèlement, Emmanuel Macron a réuni mardi les chefs du camp gouvernemental pour un déjeuner de crise, en pleine montée des appels à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale ou à une démission du chef de l’État. Gabriel Attal (Renaissance), Édouard Philippe (Horizons) et Bruno Retailleau (Les Républicains) ont pris part à cette réunion, selon l’entourage de plusieurs participants.
Dans une interview au quotidien Le Parisien, le président du Sénat, Gérard Larcher, a appelé les parlementaires « à la responsabilité ». Opposé pour l’heure à une dissolution, malgré que certains membres de sa famille politique, dont Nicolas Sarkozy, la préconisent, il a estimé qu’une telle option « n’apporterait toujours pas de majorité » ni la « clarification » nécessaire.
La semaine qui suit s’annonce donc décisive : entre nouvelles consultations, positions consolidées et échéance du 8 septembre, l’exécutif cherche à limiter les divisions et à obtenir les soutiens indispensables pour faire adopter son orientation budgétaire avant la fin de l’année.