« Ce n’est pas le Titanic, mais il y a quand même une grosse voie d’eau », résume Nicolas Forest, directeur des investissements de la société de gestion d’actifs Candriam, alors que les marchés français ont connu un regain d’instabilité après une annonce politique majeure.
Contexte et annonce politique
Le premier ministre, François Bayrou, a annoncé lundi 25 août qu’il solliciterait un vote de confiance devant l’Assemblée nationale le lundi 8 septembre. Cette procédure, qui peut aboutir à la chute du gouvernement, a ravivé les interrogations sur la trajectoire des finances publiques et sur la stabilité de l’exécutif.
La perspective d’un vote à la majorité parlementaire concentre l’attention des investisseurs sur le risque politique à court terme. Dans ce contexte, toute incertitude sur la continuité de l’action gouvernementale est susceptible d’influencer la perception du risque souverain et, par ricochet, les prix des actifs financiers.
Réactions immédiates des marchés
Sur les deux premières séances de la semaine suivant l’annonce, l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris a reculé de 3,2 % en cumulé. Malgré cette correction, l’indice conserve une hausse proche de 5 % depuis le début de l’année, selon les repères fournis dans le texte initial.
Parallèlement, le « spread » — l’écart entre les rendements des obligations d’État françaises et allemandes à dix ans — s’est creusé pour atteindre 78 points de base. Ce différentiel est généralement utilisé comme baromètre de la confiance relative des investisseurs entre pays de la zone euro : une hausse signifie que les investisseurs exigent une prime plus élevée pour détenir la dette française plutôt que la dette allemande.
Le mouvement observé a ramené le spread à son niveau d’avril. Toutefois, il ne retrouve pas les niveaux élevés de la fin de 2024, période marquée par la chute du gouvernement de Michel Barnier, rappelant que des épisodes antérieurs ont déjà généré de fortes tensions sur les marchés souverains.
Ce que disent les acteurs financiers
La formulation de Nicolas Forest — « pas le Titanic, mais une grosse voie d’eau » — souligne une perception nuancée : il reconnaît un choc significatif, sans pour autant qualifier la situation de catastrophe systémique. C’est un indicateur du ton adopté par certains gérants, qui combinent prudence et absence de panique générale.
En d’autres termes, les investisseurs semblent ajuster leurs positions à court terme, tandis que la situation macroéconomique et les fondamentaux continuent de jouer un rôle stabilisateur. La moindre clarté sur l’issue politique, en revanche, est un facteur d’aversion au risque susceptible de maintenir une volatilité accrue.
Enjeux et limites de l’analyse
Les chiffres cités — recul de 3,2 % du CAC 40 et spread à 78 points de base — permettent de mesurer l’ampleur immédiate de la réaction des marchés. Ils ne suffisent toutefois pas à établir une tendance longue. Les évolutions futures dépendront de l’issue du vote du 8 septembre, de la réaction des autorités économiques et, plus généralement, de l’évolution du climat politique et économique.
Il est également important de rappeler que les marchés financiers réagissent souvent de façon prompte et amplifiée à des nouvelles politiques, avant de réviser leurs anticipations une fois que le cadre d’action devient plus lisible. Ce mécanisme peut expliquer pourquoi une correction importante à court terme ne se traduit pas nécessairement par une rupture durable des tendances haussières observées depuis le début de l’année.
Enfin, la comparaison avec l’« épisode Barnier » de fin 2024, mentionnée dans le texte de départ, invite à considérer les précédents politiques et leur impact sur la prime de risque : les marchés gardent en mémoire des événements récents et ajustent leurs attentes en conséquence.
En somme, l’annonce de François Bayrou a déclenché une augmentation mesurable de l’aversion au risque en France. Les marchés ont réagi de manière significative, sans basculer dans la panique, et la suite dépendra largement des décisions politiques à court terme et de la capacité des autorités à rétablir un cadre de confiance.