« Salut à tous, est‑ce que quelqu’un maîtrise ChatGPT ? J’ai isolé une petite section d’une chanson de Balavoine, j’aimerais lui demander de me coller les paroles avec une voix. » La question apparaît, dimanche 7 septembre, dans le canal Telegram « Les Essentiels ». Le message illustre à la fois l’usage courant d’outils génératifs et la porosité entre échanges techniques et revendications politiques au sein de cet espace en ligne.
Un canal identifié dès l’été pour ses appels et ses outils
« Les Essentiels » figure parmi les premiers espaces à avoir relayé, dès la mi‑juillet, des appels à un blocage national prévu le 10 septembre. Ces appels enregistrent, au départ selon les publications, une tonalité axée sur des revendications souverainistes et anti‑Europe.
Le canal a rapidement adopté une grammaire visuelle et technique marquée par l’intelligence artificielle générative. Les membres citent et diffusent des créations issues d’outils comme ChatGPT, Gemini, Midjourney, ainsi que d’applications produisant automatiquement images, textes et vidéos.
Des contenus multiplateformes générés par des sympathisants
Les productions issues de ces outils ne restent pas confinées à Telegram. Elles s’étendent sur YouTube, TikTok et Facebook, et alimentent les prises de parole des sympathisants du mouvement. Ces contenus, souvent rapides à produire, servent à la fois de matériel de mobilisation et d’illustration émotionnelle des revendications.
Parmi les exemples cités, une publication TikTok datée du 21 mai montre une représentation de Marianne, apparemment générée par une IA, en train de pleurer. L’image, largement partagée, a été utilisée pour symboliser une émotion politique et renforcer la narration du groupe.
Technique et rhétorique : comment l’IA est mobilisée
Sur le plan technique, l’emploi d’IA génératives permet de créer rapidement des visuels et des montages sonores. Les outils cités — ChatGPT pour le texte, Midjourney pour l’image, Gemini pour des fonctions variées — sont utilisés pour produire des contenus destinés à être diffusés sur plusieurs canaux.
Sur le plan rhétorique, ces productions servent deux fonctions complémentaires : d’abord amplifier le message politique en le rendant visuel et émotionnel ; ensuite normaliser l’usage d’outils automatisés au sein du groupe, du simple échange pratique (« qui maîtrise ChatGPT ? ») à la diffusion organisée d’appels au blocage.
Une circulation rapide, des questions de vérification
La circulation de ces contenus pose des questions de vérification et d’origine. Les images et les voix générées par IA peuvent effacer ou brouiller la traçabilité des messages. Dans ce contexte, la simple répétition d’un visuel ou d’un slogan favorise la viralité sans garantir l’authenticité des sources.
Par ailleurs, la combinaison de revendications politiques et d’outils automatisés complexifie l’analyse du mouvement : il devient nécessaire de distinguer ce qui relève d’une mobilisation réelle de ce qui appartient à des opérations de communication automatisée.
Le message initial cité plus haut — demandant à utiliser ChatGPT pour reproduire des paroles et une voix — illustre cette hybridation entre pratiques techniques et usages militants. Il montre aussi la facilité avec laquelle des fragments culturels (ici une chanson de Daniel Balavoine) peuvent être réutilisés dans des formats nouveaux, via des outils numériques.
Sans établir de lien automatique entre la technique employée et la nature exacte des actions organisées, le rôle de l’IA dans la diffusion des appels et des visuels apparaît déterminant. Le recours à ces technologies accélère la production de contenus et élargit leur diffusion aux plateformes grand public.
Les éléments présentés ici reprennent les publications attribuées au canal « Les Essentiels » : la date du message‑question (dimanche 7 septembre), la référence aux appels diffusés à la mi‑juillet, et la publication TikTok du 21 mai montrant une Marianne générée par IA. Ces éléments permettent de comprendre les modes opératoires observés sans prétendre à une exhaustive chronologie des événements.