10 septembre : le mouvement Bloquons tout, né d’une vidéo IA sur TikTok et soutenu par Mélenchon, radicalise la gauche et inquiète les syndicats

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Bloquons tout, né sur les réseaux sociaux d’une vidéo générée par IA sur TikTok appelant au « blocage total » le 10 septembre, montre comment un mot d’ordre anonyme peut devenir débat national après le soutien de Jean‑Luc Mélenchon. Majoritairement ancré à la gauche radicale, le mouvement suscite la méfiance des syndicats soucieux de leur autonomie et interroge la capacité des mobilisations virales à se traduire en grève générale organisée.

L’anonymat qui entoure certains mouvements nés sur les réseaux sociaux a atteint une forme particulièrement poussée avec la montée de « Bloquons tout ». Le signal initial tient à une vidéo publiée le 11 juillet sur un compte TikTok, réalisée à l’aide de l’intelligence artificielle et montrant l’image fixe d’une femme et d’un drapeau français, tandis qu’une voix anonyme lance l’appel suivant : « Le 10 septembre, on arrête tout, pas pour fuir, pour dire non. Confinement du peuple, silence total, résistance pacifique. »

Comment un appel discret est devenu central

L’appel de TikTok est d’abord passé inaperçu, mais il a ensuite circulé et gagné en visibilité. Plusieurs facteurs expliquent cette diffusion : la simplicité du mot d’ordre, la nature virale des réseaux et l’usage d’une image symbolique renforçant l’impact du message.

La rapidité avec laquelle cette consigne a été reprise par des responsables politiques a contribué à la transformation du phénomène en actualité nationale. Dès le 16 août, Jean‑Luc Mélenchon a publié un texte de soutien dans La Tribune Dimanche, position publique qui a amplifié la visibilité du mouvement.

Un positionnement politique assumé

Le 22 août, Jean‑Luc Mélenchon a déclaré : « Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c’est‑à‑dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre, ce soit la grève générale. » Cette prise de parole a posé une équivalence entre l’appel à « tout bloquer » et l’idée de grève générale, et a participé à inscrire Bloquons tout dans une filiation revendiquée avec les grandes luttes sociales du XXe siècle.

Ce recours à la mémoire historique n’est pas nouveau dans l’espace politique : l’espoir d’une grève générale comme moyen de transformation sociale a été au centre de la stratégie de la tendance anarcho‑syndicaliste au sein de la CGT avant la Première Guerre mondiale. Évoquer ce passé permet de donner une légitimité symbolique à des formes de mobilisation contemporaines, mais cela entraine aussi des tensions sur le plan pratique et stratégique.

Composition du mouvement et réactions syndicales

Une enquête menée par la Fondation Jean Jaurès fin août note que le mouvement organisé autour du 10 septembre « est structuré presque exclusivement autour de sympathisants de la gauche radicale ». Cette observation souligne la prégnance d’un ancrage politique précis parmi les acteurs qui se reconnaissent dans l’appel.

Les syndicats ont accueilli les propos de Jean‑Luc Mélenchon avec réserve, sinon méfiance. Historiquement, le mouvement syndical a construit et défendu son autonomie face aux partis politiques. La revendication d’une « grève générale » renvoie à une histoire syndicale où l’indépendance des organisations professionnelles était considérée comme essentielle pour préserver leur capacité d’action.

Par conséquent, l’affichage d’un soutien partisan à Bloquons tout a suscité des réticences. Pour des responsables syndicaux, l’initiative doit se fonder sur des décisions prises par les instances représentatives du salariat, et non sur des injonctions émanant d’acteurs extérieurs au monde syndical.

Histoire, symbolique et limites

L’usage de références historiques — de l’anarcho‑syndicalisme pré‑1914 au « Nouveau Front populaire » de 2024 — a sans doute joué un rôle dans l’orientation politique du mouvement. Ces références servent à légitimer des revendications et à inscrire l’action présente dans une continuité des luttes.

Cependant, s’appuyer sur le passé ne suffit pas à garantir l’unité ou l’efficacité d’une mobilisation contemporaine. La viralité numérique permet de lancer rapidement des appels, mais elle ne remplace pas les procédures collectives et la construction d’un rapport de forces réellement organisé. La dissociation entre une impulsion publique et les structures syndicales existantes explique, en partie, les tensions observées.

En l’état, Bloquons tout illustre la capacité des réseaux sociaux à produire des mouvements rapides et anonymes, tout en posant la question de leur traduction concrète sur le terrain. Le mouvement apparaît ainsi à la fois comme une expression politique nouvelle et comme un objet de confrontation entre acteurs aux logiques et aux histoires différentes.

Parlons Politique

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