Alain Garrigou dans Anatomie d’une affaire : comment le ‘petit prof de fac’ a affronté les sondages de l’Élysée, plaintes, pressions et démission de la Commission des sondages

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Dans Anatomie d’une affaire, Alain Garrigou raconte à la première personne les conséquences de ses critiques sur les sondages de l’Élysée : plaintes en diffamation, pression médiatique, démission de la Commission des sondages. Un témoignage mêlant droit, régulation et défense de la transparence publique.

Alain Garrigou signe un récit à la première personne qui retrace les conséquences de ses prises de position contre la montée en puissance des enquêtes d’opinion en France. Dans Anatomie d’une affaire. Les sondages de l’Elysée (Lefebvre Dalloz, 250 pages, 22 €), préfacé par le professeur de droit Olivier Beaud, le professeur émérite de science politique à l’université Paris Nanterre raconte comment ses critiques l’ont exposé à des procédures judiciaires et à une forte pression médiatique et institutionnelle. Le surnom de « petit prof de fac », lancé par un sondeur dans un studio de radio en 2022, figure comme un symbole de la tentative de dépréciation dont il s’estime victime.

Un livre-personnel sur la controverse des sondages

Le livre revient sur un épisode déclencheur : l’été 2009, lorsque la Cour des comptes a mis en lumière des dépenses qualifiées « d’exorbitantes » de sondages par l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. C’est alors que Patrick Buisson, présenté comme intermédiaire de ces marchés, voit son rôle médiatisé. M. Garrigou, cofondateur de l’Observatoire des sondages, s’implique et donne un entretien à Libération dans lequel il formule une critique sévère de Buisson.

La phrase retenue par la presse — « Soit c’est un escroc, soit c’est un petit soldat qui constitue un trésor de guerre (…) » — sert d’amorce à une série de procédures judiciaires que l’auteur détaille. Il restitue les circonstances, les échanges et l’impact personnel de ces affaires, en croisant analyse politique, droit et chronique judiciaire.

Procès et stratégies judiciaires

La première plainte en diffamation visait Patrick Buisson, ancien journaliste de Minute. M. Garrigou décrit comment cette procédure a constitué le point de départ d’un enchaînement juridico-médiatique. Par la suite, il fait face à une seconde plainte en diffamation, cette fois déposée par la société de conseil Fiducial, après ses critiques d’un sondage commandé à l’IFOP. Dans les deux affaires, le professeur indique avoir été finalement blanchi, mais souligne la longueur et l’effet dissuasif de ces procédures.

Le récit met en évidence le mécanisme que certains qualifient de « poursuites-bâillons » : des recours juridiques utilisés pour réduire au silence des critiques ou des lanceurs d’alerte. En racontant ces épisodes de l’intérieur, l’auteur cherche à montrer comment le droit peut, parfois, être mobilisé pour intimider plutôt que pour réparer un préjudice réel.

La pression sur les institutions de contrôle

Garrigou évoque aussi sa participation à l’instance officielle chargée de contrôler les sondages, la Commission des sondages. Il y siège pendant cinq ans, puis en démissionne en 2023. Dans son témoignage, il décrit une forte injonction au silence, qui affecte non seulement les observateurs extérieurs mais aussi les acteurs internes à l’organisme de régulation.

Ce passage illustre, selon l’auteur, la difficulté à obtenir de la transparence et à défendre un regard critique dans un paysage politique et médiatique très dépendant des enquêtes d’opinion. Le livre met en lumière à la fois des pratiques de commande et des tensions éthiques liées à la place des sondages dans les choix publics.

Un récit entre droit, analyse politique et chronique

Anatomie d’une affaire se présente comme un mélange de témoignage personnel et d’analyse institutionnelle. L’auteur n’hésite pas à détailler les procédures judiciaires, à expliciter les enjeux de financement et à interroger le rôle des sondeurs et des intermédiaires dans la fabrication de l’information politique.

Sans sensationnalisme, le propos insiste sur les effets concrets de ces controverses : épuisement des personnes visées, coût des procédures et possible refroidissement du débat public. M. Garrigou revendique l’exercice d’une liberté de critique et montre, par son expérience, les obstacles qui peuvent se dresser quand on s’attaque à un système installé.

Le livre conservera un intérêt particulier pour les lecteurs concernés par la régulation des sondages, la relation entre médias et institutions, et la protection des lanceurs d’alerte. Il offre, en outre, une réflexion sur la manière dont le droit est parfois utilisé comme levier politique, ainsi qu’un aperçu des résistances individuelles et institutionnelles à la domination des enquêtes d’opinion.

En conclusion, sans prétendre proposer une théorie exhaustive, l’ouvrage d’Alain Garrigou documente la trajectoire d’un universitaire confronté aux effets collatéraux de ses critiques. Il restitue des épisodes précis — l’affaire révélée en 2009, l’intermédiation de Patrick Buisson, les procédures en diffamation et la démission de la Commission des sondages en 2023 — et invite à interroger la place des sondages dans la vie publique.

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