L’ancien Premier ministre (1995-1997) et ministre des Affaires étrangères (1993-1995 et 2011-2012), membre du Conseil constitutionnel depuis 2019, publie L’Heure du choix (Tallandier). Dans cet ouvrage, il lance un appel clair : Français et Européens doivent trancher entre « vassalité » et « indépendance ».
Un message récurrent ancré dans un parcours institutionnel
Le parcours politique et institutionnel de l’auteur offre un cadre singulier à ce propos. Ayant exercé les fonctions de chef du gouvernement et de ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises, puis siégé au Conseil constitutionnel depuis 2019, il parle depuis une position d’expérience. Son appel n’est pas formulé comme une provocation rhétorique, mais comme une question stratégique, soulignant l’importance des choix structurels pour la France et pour l’Union européenne.
L’ouvrage, publié aux éditions Tallandier, reprend ce dilemme en termes forts. Il invite à distinguer la soumission aux intérêts d’autres puissances — désignée par le terme de « vassalité » — et la poursuite d’une autonomie politique et économique, à laquelle il réfère comme « indépendance ». Le propos repose sur l’analyse des relations internationales contemporaines et sur les conséquences possibles de orientations différentes.
Que recouvrent les deux options évoquées?
La « vassalité » est employée comme concept polémique pour décrire une posture de dépendance stratégique. Elle renvoie à une situation où un État accepterait, volontairement ou par contrainte, d’aligner ses décisions politiques, économiques ou militaires sur celles d’acteurs extérieurs. Dans ce cadre, la marge de manœuvre nationale se réduit, selon l’auteur.
L’« indépendance », en revanche, se présente comme la capacité d’agir au nom de l’intérêt national et d’assumer des choix souverains, tout en coopérant. L’ouvrage met en avant l’idée que l’indépendance ne signifie pas isolement, mais une autonomie suffisante pour négocier et coopérer depuis une position considérée comme égalitaire.
Enjeux concrets et domaines concernés
Le dilemme touchera plusieurs champs de décision. Sont notamment concernés la défense, les choix énergétiques, les partenariats économiques et les orientations technologiques. Selon l’argument central du livre, une politique d’autonomie suppose des capacités nationales ou européennes effectives, ainsi que des choix budgétaires et industriels cohérents.
Si l’auteur ne livre pas dans la présentation fournie ici un plan détaillé et chiffré pour parvenir à cette indépendance, il insiste sur la nécessité de décisions politiques fortes. L’objectif affiché est d’éviter que des enjeux cruciaux soient dictés par les logiques d’autres puissances ou par des dépendances structurelles consolidées.
Un appel à la responsabilité citoyenne et politique
Au-delà des considérations techniques, L’Heure du choix prend la forme d’un appel adressé à la fois aux responsables politiques et à l’opinion publique. L’auteur plaide pour une prise de conscience collective des conséquences des choix stratégiques. Il estime que l’orientation future de la France et de l’Europe ne doit pas se décider de manière passive ou par défaut.
Le propos met aussi en lumière une tension classique des sociétés contemporaines : concilier ouverture et coopération internationales avec la préservation des intérêts nationaux. La formulation binaire — vassalité contre indépendance — sert à clarifier le débat, sans prétendre épuiser toutes les nuances possibles.
Enfin, la publication chez Tallandier inscrit ce texte dans une tradition d’ouvrages de réflexion politique adressés à un large public. Le livre entend alimenter le débat public en posant des questions de fond sur la souveraineté et les priorités stratégiques de la France et de l’Union européenne.
La parution de L’Heure du choix relance les interrogations sur la capacité de l’UE et de ses États membres à définir des trajectoires communes tout en préservant des marges d’autonomie. Le texte appelle, en substance, à un examen lucide des dépendances existantes et à des décisions politiques assumées pour préserver ou reconstruire une capacité d’action indépendante.