Droite française et Les Républicains face à l’Ukraine : crédibilité, leadership et débat éclipsés par la rivalité interne

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La droite française, incarnée par Les Républicains, peine à se faire entendre sur la guerre en Ukraine, éclipsée par une compétition interne (Wauquiez vs Retailleau) et un faible relais médiatique. Pour retrouver crédibilité sur la défense européenne et l’aide à l’Ukraine, le parti doit clarifier sa doctrine et renforcer son leadership.

La droite française est-elle devenue muette sur la guerre en Ukraine ? Telle est la question que soulèvent plusieurs observateurs après des prises de parole rares et une faible visibilité médiatique des responsables du parti Les Républicains (LR) sur ce dossier militaire. Très audible sur des thèmes comme l’immigration, la formation et l’ordre public, la droite semble, pour l’heure, moins présente quand il s’agit d’exprimer une ligne claire sur la politique de défense européenne et l’aide à l’Ukraine.

Interrogations internes et responsabilité d’expression

Pour Cédric Perrin, sénateur LR du Territoire de Belfort et président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, la situation est partagée : « D’un côté, on nous interroge assez peu dans les médias sur ces sujets militaires, mais c’est aussi à nous d’être plus audibles. Les choses sont en train de se mettre en place avec notre président, Bruno Retailleau ». Cette double responsabilité — subir un manque d’interpellation médiatique et devoir simultanément accroître sa propre visibilité — résume le dilemme auquel est confronté le parti.

La remarque de M. Perrin souligne aussi un enjeu de légitimité : pour être consulté et crédible sur les affaires internationales, un parti politique doit afficher une pensée politique structurée. Sans leadership visible et sans prise de position claire, il risque de laisser l’initiative à l’exécutif ou à d’autres forces politiques.

Priorités politiques et calendrier interne

La prudence ou le relatif silence de LR s’explique en partie par des priorités internes. Au moment où le président de la République, Emmanuel Macron, relance le débat en mars sur l’aide que la France doit apporter à l’Ukraine face à un désengagement des États-Unis, Les Républicains avaient les yeux tournés vers leur congrès et la compétition interne entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau. Cette concentration sur la bataille interne a probablement réduit l’espace politique et médiatique consacré aux questions internationales.

La posture prise lors du débat du 3 mars à l’Assemblée nationale illustre ce phénomène : ce jour-là, « ils sont à peine sept députés LR présents » — faisant du groupe le moins représenté en proportion. Ce chiffre indique une présence physique limitée sur un débat clef, et, au-delà, une capacité réduite à peser publiquement sur le sujet à ce moment précis.

Les risques d’une faible prise de parole

Un parti qui n’impose pas sa vision sur un dossier majeur comme la guerre en Ukraine s’expose à plusieurs risques politiques. D’abord, il peut apparaître comme absent des grandes questions de souveraineté et de défense, domaines qui touchent à la crédibilité sur la scène internationale. Ensuite, l’absence de positions claires ouvre la porte à des interprétations diverses au sein même du parti, fragilisant l’unité et la capacité à proposer des alternatives à l’action gouvernementale.

Enfin, sur le plan électoral, un positionnement flou sur la sécurité extérieure et les alliances stratégiques peut laisser le terrain à d’autres formations politiques, ou conduire une partie de l’électorat à estimer que LR ne représente pas une force de gouvernement sur tous les sujets d’État.

Voies possibles pour retrouver de l’audience

Plusieurs leviers sont évoqués implicitement par les acteurs concernés. La première étape consiste à formuler et diffuser une doctrine cohérente sur la défense et la politique étrangère, afin d’être sollicitée par les médias et d’apparaître comme interlocuteur légitime. Cédric Perrin met en avant la montée en responsabilité de Bruno Retailleau : selon lui, « les choses sont en train de se mettre en place » — formulation qui laisse entendre un travail d’organisation et de clarification en cours.

Un deuxième levier serait d’articuler cette doctrine à un travail d’expertise parlementaire, notamment depuis les commissions compétentes, pour rendre la parole plus technique et davantage audible. Enfin, la capacité à envoyer des élus sur le terrain diplomatique ou à multiplier les déclarations publiques lors d’événements internationaux peut renforcer la visibilité du parti.

Ces orientations exigent cependant du temps et de la cohésion interne, deux éléments qui peuvent rester affectés tant que la rivalité pour la présidence du parti et les équilibres congressuels seront au centre des préoccupations.

En l’état, la droite républicaine semble engagée dans un exercice de recomposition de son discours sur la guerre en Ukraine : entre besoin d’audibilité, compétition interne et calendrier politique, la trajectoire de sa prise de parole restera à suivre pour juger si elle retrouve la visibilité attendue sur ces enjeux stratégiques.

Parlons Politique

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