Au fil des années et des crises exceptionnelles, l’espace des promesses réalisables s’est considérablement réduit pour Emmanuel Macron. Le pari raté de la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, a affaibli sa marge de manœuvre sur le plan intérieur et contribué à creuser un fossé avec une partie de l’opinion publique.
Son niveau d’impopularité, présenté comme le plus élevé depuis son élection en 2017, illustre cette relation abîmée avec les Français. À l’approche de l’élection présidentielle de 2027, plusieurs prétendants à sa succession — parmi lesquels ses anciens premiers ministres Gabriel Attal (Renaissance) et Édouard Philippe (Horizons) — revendiquent une rupture avec le macronisme.
Un bilan intérieur fragilisé
La tentative de dissolution, menée en juin 2024, a été suivie d’un recul politique dont les effets se font encore sentir dans la gestion des dossiers nationaux. Selon le constat répété par des responsables de l’exécutif, cette opération a réduit la capacité du chef de l’État à imposer des réformes ambitieuses devant une Assemblée désormais plus hostile.
Dans ce contexte, la dernière année pleine du quinquennat apparaît comme une échéance cruciale pour tenter de redorer un bilan qui, aux yeux d’une part importante de l’électorat, reste controversé. Le président, qui « ne pourra pas se représenter », se trouve ainsi en position de devoir conjuguer gestion quotidienne du pouvoir et travail de mémoire sur son « décennat » politique.
Les prétendants et l’horizon 2027
La perspective de 2027 polarise l’action politique. Les principaux candidats qui se déclarent ou sont pressentis mettent en avant leur volonté de marquer une rupture avec le style et les choix de la dernière décennie. Parmi eux, Gabriel Attal et Édouard Philippe sont fréquemment cités comme des figures capables de capitaliser à la fois sur l’expérience gouvernementale et sur une offre distincte du macronisme.
Cette recomposition influence le calendrier et la tonalité des prises de parole présidentielles : il s’agit non seulement de gérer les affaires courantes, mais aussi de tenter d’infléchir le récit public sur l’héritage laissé par l’exécutif en place.
Un recentrage sur la scène internationale
Devant ces contraintes intérieures, l’Élysée mise sur la sphère internationale pour inscrire une part significative de son action. L’adresse télévisée que le président doit prononcer le 31 décembre, à 20 heures, est préparée comme une intervention « sobre », dotée d’une « forte dimension géopolitique et internationale ». Le choix de la sobriété de ton vise à privilégier l’analyse des grandes lignes de politique étrangère plutôt que des annonces domestiques de portée immédiate.
Dans la continuité de cette orientation, une réunion des pays de la « coalition des volontaires » est programmée à Paris début janvier. Cet espace de coordination, auquel l’exécutif souhaite donner une place, vise à permettre aux Européens de peser dans la perspective d’un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie. L’enjeu annoncé est de rassembler des partenaires capables d’influer sur les négociations et d’accroître le rôle européen dans la recherche d’une solution diplomatique.
La mise en avant du volet international répond à plusieurs objectifs : rappeler la stature du pays sur la scène mondiale, fédérer des alliés autour de dossiers sensibles et, implicitement, redéfinir le cadre dans lequel le bilan présidentiel sera jugé par l’opinion publique et par l’histoire.
Reste que ce recentrage comporte des limites évidentes. Sur le plan intérieur, les attentes sociales et économiques continuent de peser sur la cote du pouvoir, et les oppositions politiques entendent capitaliser sur ces fragilités pour façonner le débat en vue de 2027.
Au terme de cette dernière année pleine, le défi pour l’exécutif est double : essayer de laisser une trace durable sur les dossiers internationaux tout en apaisant ou en maîtrisant les interrogations laissées par la gestion des affaires intérieures. Le calendrier des prochaines semaines — messages publics, rencontres diplomatiques et initiatives européennes — fournira des indices sur la capacité du président à infléchir le jugement porté sur son mandat.




