En un peu plus d’une semaine, la pétition lancée par Philippe de Villiers réclamant un « référendum sur l’immigration » a franchi la barre d’un million et demi de signatures, selon le décompte affiché par les organisateurs. L’opération, fortement relayée par la presse, suscite un intérêt public marqué, mais pas d’enthousiasme manifeste au sein des deux partis qui réclament le même mécanisme parlementaire, Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN).
Origine et relais médiatiques
La campagne a été lancée depuis les locaux du groupe Lagardère News, propriété liée à Vincent Bolloré, et mise en lumière par le Journal du dimanche (JDD). Le 7 septembre 2025, la pétition a occupé la une du JDD, accompagnée d’un dossier de trois pages d’interviews présentant l’initiative et son promoteur.
Le même dispositif de promotion s’est retrouvé dans JDNews, l’un des titres du groupe. Dans ces numéros, un QR code renvoyait vers le site de la pétition, facilitant la souscription rapide. Le JDD a de nouveau consacré des développements à l’opération le 14 septembre 2025.
La mise en avant dans des titres appartenant au même groupe médiatique souligne le relais éditorial dont a bénéficié la pétition, ainsi que la synergie entre couverture papier et appel à la mobilisation en ligne.
Contenu de la pétition et tonalité
Le texte de la pétition a été décrit comme apocalyptique et xénophobe par ses détracteurs ; il multiplie par ailleurs les allusions à la théorie dite du « grand remplacement ». Ces éléments de langage expliquent en partie la forte visibilité médiatique, mais aussi les critiques qui accompagnent l’initiative.
Politiquement, l’effet est contrasté. LR et RN réclament régulièrement un référendum sur l’immigration à l’Assemblée nationale, mais, dans ce cas précis, aucun des deux partis ne paraît porter l’opération avec l’enthousiasme attendu. La pétition semble donc plus portée par la notoriété du signataire et le relais médiatique que par un engagement public clair et massif des formations politiques concernées.
Collecte de signatures et gestion des données
La page de confidentialité liée au site de la pétition précise que les adresses e-mail des signataires peuvent alimenter les fichiers des journaux du groupe, notamment le JDD et JDNews. Cet enregistrement n’intervient que si la case de consentement prévue est cochée par l’utilisateur.
L’adresse du groupe, dans le 15e arrondissement de Paris, est affichée sur la page « Politique de confidentialité » du site de la pétition, selon les informations publiées par les organisateurs. Cette transparence sur l’origine du traitement des données permet aux internautes de connaître le destinataire potentiel de leurs coordonnées.
Sur le plan technique, l’emploi d’un QR code dans les éditions imprimées renforce la jonction entre lectorat papier et collecte numérique, accélérant ainsi le recrutement de signatures et l’agrégation des adresses e-mail lorsque le consentement est donné.
Dimension éditoriale et économique
Le lancement de la pétition a coïncidé avec l’annonce de la parution, « un mois plus tard », chez Fayard, de l’essai de Philippe de Villiers. Fayard est l’éditeur mentionné par les promoteurs et lié au groupe média couvrant l’initiative, ce qui fait ressortir une convergence éditoriale et commerciale entre l’opération de mobilisation et la promotion d’un ouvrage.
Cette proximité — entre promotion médiatique, collecte d’adresses et parution d’un livre — illustre la manière dont des campagnes publiques peuvent s’articuler avec des circuits éditoriaux et des stratégies de diffusion. Elle soulève également des questions sur les interactions entre contenus journalistiques, actions militantes et logiques de marché.
En somme, la pétition de Philippe de Villiers a bénéficié d’un fort écho médiatique et d’un dispositif de mobilisation efficace, affichant 1,5 million de signatures en quelques jours. Le contenu contesté du texte, le relais concentré au sein d’un même groupe de presse et la gestion des données personnelles constituent les principaux éléments observables de cette opération.