Un cadre européen relancé, des capitales qui accélèrent
Après l’adoption par les députés européens, lors de la dernière session plénière, des objectifs climat proposés par la Commission, plusieurs capitales européennes ont adopté des stratégies ambitieuses de verdissement. L’accord final entre États membres a été laborieux, mais il a servi de catalyseur pour des initiatives nationales et municipales.
Parmi les exemples les plus marquants figurent Berlin, Vienne et Copenhague, qui ont chacun engagé des plans visant à rendre leur espace urbain plus résilient face au réchauffement climatique et à améliorer la qualité de vie de leurs habitants.
Berlin : planter massivement et densifier le couvert arboré
À Berlin, la chambre des représentants a adopté, le 3 novembre, une loi fixant un objectif clair : « devenir la capitale la plus verte d’Europe ». Le texte impose la plantation de 7 000 000 d’arbres d’ici 2040 et la création d’une centaine de petits parcs ainsi que de 1 000 îlots de fraîcheur d’au moins 30 m2.
Dans quinze ans, la capitale devrait compter plus d’un million d’arbres supplémentaires par rapport aux quelque 4 400 000 existants aujourd’hui. L’objectif du projet est de densifier les plantations, avec l’ambition qu’un arbre soit planté tous les 15 mètres de chaque côté des rues.
Le projet, initialement chiffré à 7,2 milliards d’euros, a été réévalué à 3,2 milliards. Pour réduire les coûts, les élus privilégient des boutures, des pousses spontanées et l’achat d’arbres à l’étranger plutôt que des spécimens âgés de dix ans, dont le prix unitaire est estimé entre 2 500 et 3 000 euros.
Le financement doit provenir d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros lancé par le gouvernement fédéral de Friedrich Merz pour moderniser les infrastructures. Ce choix budgétaire suscite des critiques : la Chambre de commerce de Berlin dénonce un mauvais usage potentiel du fonds, et le parti libéral FDP qualifie la dépense de « symbolique » et « utopique » au détriment d’infrastructures jugées prioritaires telles que routes, ponts et hôpitaux.
Copenhague : encourager les visiteurs à voyager autrement
Copenhague a testé en petit format en 2024 une campagne baptisée « CopenPay » visant à sensibiliser les touristes aux transports bas-carbone. Lancée le 17 juin pour neuf semaines, l’opération s’est déployée dans 90 points de la ville et privilégiait le train parmi les moyens de transport moins émetteurs.
L’office du tourisme a proposé des avantages aux visiteurs adoptant un comportement respectueux de l’environnement, notamment la gratuité temporaire de vélos en libre-service, des réductions sur des visites et des activités (cours de yoga, repas végétariens). Selon l’office, pendant un mois en 2024, 75 000 touristes ont participé à l’expérience ; les locations de vélos ont augmenté de 29 %, plusieurs tonnes de déchets ont été collectées et 98 % des participants ont déclaré qu’ils recommanderaient l’initiative.
La municipalité rappelle qu’elle vise la neutralité carbone et a déjà réduit ses émissions de 75 % depuis 2005, même si elle reconnaît n’avoir pas atteint tous ses objectifs à court terme.
Vienne : infrastructures et zéro carbone à l’horizon 2040
Vienne affiche l’ambition la plus précoce : zéro carbone d’ici 2040, soit dix ans avant l’objectif fixé par Paris pour 2050. La capitale autrichienne développe d’importantes infrastructures en cohérence avec son plan climat et une politique touristique raisonnée.
Les projets en cours incluent 11 kilomètres de tunnels et 12 nouvelles stations de métro pour permettre l’ouverture d’une nouvelle ligne, avec une mise en service complète prévue entre 2033 et 2035. L’objectif affiché est de désengorger le centre-ville, d’alléger les lignes existantes et de réduire les temps de transport pour les passagers.
Les économies de CO2 permises par ces infrastructures sont estimées à 75 000 tonnes par an. Vienne met aussi l’accent sur la protection et l’extension des espaces verts : ils représentent aujourd’hui la moitié de la surface de la ville, y compris la ceinture verte péri-urbaine, et sont protégés par une réglementation stricte sur les constructions. La ville accueille environ 8 millions de visiteurs (2024) et a lancé en avril une stratégie « Optimum Tourism » pour développer un tourisme durable préservant l’équilibre entre habitants et visiteurs.
Un label pour valoriser les efforts locaux
Depuis 2010, le prix « Capitale verte de l’Europe » récompense chaque année une ville européenne de plus de 100 000 habitants pour ses performances en matière de durabilité. Le label, ouvert aux villes de 20 000 à 1 000 000 d’habitants sous la forme « Feuille verte européenne », vise à reconnaître et soutenir les initiatives locales. Nantes (2013) et Grenoble (2022) figurent parmi les villes françaises distinguées.
En juillet 2025, la Commission européenne a sélectionné la ville de Saint-Quentin (Hauts-de-France) parmi les finalistes au titre de Feuille verte européenne pour 2027, signe que les démarches de transition urbaine se multiplient au-delà des capitales.
Le message général reste constant : les Européens ont le droit de vivre dans des zones urbaines saines. Les villes doivent donc améliorer la qualité de vie de leurs habitants et réduire leur impact environnemental, en associant aménagement, transports et politiques touristiques responsables.





