Le soulagement suscité par un abondement de 850 millions d’euros a été de courte durée pour les hôpitaux. Adoptée au Parlement le 16 décembre, cette rallonge budgétaire intégrée à l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026 avait été saluée comme un geste significatif. Pourtant, la décision de maintenir inchangés les tarifs hospitaliers pour l’année suivante a ravivé les critiques des établissements publics et privés.
Un coup de pouce budgétaire jugé insuffisant
L’augmentation de 850 millions d’euros a été insérée au cours des débats parlementaires, alors que le PLFSS 2026 présentait initialement un cadrage financier jugé strict par la profession. Ce montant, bien qu’important en valeur absolue, n’efface pas la préoccupation des hôpitaux face à la hausse des coûts et à la reprise d’activité observée ces derniers mois.
Dans l’industrie hospitalière, l’addition des charges—salaires, achats, fonctionnement—concerne directement la capacité des établissements à maintenir leurs services. Plusieurs fédérations hospitalières avaient d’ores et déjà mis en garde contre un effet d’austérité si les dotations et les tarifs restaient insuffisants. Le contexte de l’inflation, cité par les syndicats et fédérations, renforce le sentiment que le financement demeure décalé par rapport aux besoins réels.
Tarification à l’activité : tarifs maintenus à 0 %
La controverse porte principalement sur les tarifs hospitaliers, c’est‑à‑dire les montants que l’Assurance-maladie remboursera l’an prochain pour chaque type de séjour et de prise en charge dans le cadre du système dit de la « tarification à l’activité » (T2A). Les tarifs nationaux ont été fixés sans hausse, « à 0 % », ce qui signifie qu’ils resteront identiques à ceux de l’année précédente.
Cette stabilité apparente des prix masque, selon les représentants hospitaliers, une baisse réelle du pouvoir d’achat des recettes publiques au regard de l’inflation et de la hausse des charges. Maintenir les tarifs à leur niveau actuel revient, selon eux, à contraindre les établissements à réaliser des économies. Parmi les effets anticipés figurent des tensions accrues sur les services, des efforts supplémentaires en matière de productivité, et une pression sur les ressources humaines.
Réaction des fédérations : un communiqué du 23 décembre
Les quatre principales fédérations hospitalières ont exprimé leur mécontentement dans un communiqué daté du 23 décembre. Sont signataires : la Fédération hospitalière de France, la Fédération de l’hospitalisation privée, Unicancer, et la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs.
Elles dénoncent dans le texte la décision de « fixer les tarifs à 0 %, dans un contexte de sous-financement historique de l’inflation, de reprise d’activité et de tensions majeures en ressources humaines revient, sans l’assumer, à imposer un plan d’économies massif ». Les fédérations ont appelé à une revalorisation d’au moins 1 % des tarifs afin d’atténuer l’écart entre coûts observés et recettes remboursées.
Le choix du seuil de 1 % répond, d’après ces organisations, à la nécessité de compenser partiellement l’effet combiné de l’inflation et de la remontée d’activité. Elles estiment que ce minimum permettrait d’éviter des réductions de capacité de prise en charge et de préserver des conditions de travail acceptables pour le personnel soignant.
L’annonce publique et la formulation du communiqué mettent en lumière une tension persistante entre les objectifs budgétaires de l’État et les besoins opérationnels des établissements. Les fédérations demandent une concertation accrue et des mesures complémentaires pour sécuriser les ressources humaines et l’accès aux soins.
La décision de geler les tarifs ouvre un nouveau chapitre de négociations entre les autorités de santé, le ministère en charge des comptes sociaux et les représentants hospitaliers. Les établissements attendent désormais des précisions sur les mécanismes d’accompagnement possibles et sur les arbitrages qui seront rendus pendant la mise en œuvre du PLFSS 2026.
Les éléments rapportés ici se fondent sur l’adoption parlementaire du 16 décembre et le communiqué des fédérations daté du 23 décembre. Les positions restent celles exprimées par les organisations professionnelles.





