Des chiffres récents qui confirment une tendance paradoxale
Malgré une conjoncture économique jugée morose, le marché du travail français continue d’afficher des signes de résistance, selon des données publiées mardi 28 octobre par la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) et par France Travail.
Au troisième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits auprès de France Travail sans aucune activité, classés en catégorie A, a progressé de 1,6 % par rapport au trimestre précédent. Ils sont désormais plus de 3,2 millions sur l’ensemble du territoire (hors Mayotte), soit un accroissement net de 51 000 personnes par rapport au second trimestre.
Évolution sur un an et étendue aux catégories B et C
La hausse se révèle plus marquée sur douze mois : la catégorie A enregistre un bond de 7,6 % sur un an. Lorsque s’ajoutent les demandeurs en catégorie B (activité réduite courte, définie ici comme moins de 78 heures par mois) et en catégorie C (activité réduite supérieure à 78 heures par mois), la progression du nombre total de demandeurs d’emploi s’établit à 1,5 % sur le trimestre et à 5,3 % sur un an.
Au total, toutes catégories confondues, plus de 5,6 millions de personnes sont ainsi comptabilisées parmi les demandeurs d’emploi inscrits, selon les mêmes publications.
Des chiffres à lire avec prudence
Les autorités elles-mêmes soulignent la complexité récente de l’analyse de ces séries statistiques. La loi dite « pour le plein-emploi », qui inclut notamment une réforme du revenu de solidarité active (RSA) entrée en vigueur depuis le 1er janvier, a modifié certains cadres administratifs et dispositifs d’inscription, rendant les comparaisons temporelles moins directes qu’auparavant.
En conséquence, les variations trimestrielles et annuelles doivent être interprétées en tenant compte de ces changements réglementaires, qui peuvent influer sur les flux d’inscription et de sortie des différents fichiers administratifs.
Lecture détaillée sans sensationnalisme
Les données publiées montrent simultanément une hausse du nombre de chômeurs dans la catégorie A et une augmentation moins marquée lorsque l’on agrège les catégories B et C. Cette double lecture atteste que, si le chômage sans activité progresse, une part significative des demandeurs reste engagée dans des formes d’emploi partiel ou d’activité réduite.
Ce constat invite à distinguer les mouvements de court terme — influencés par des facteurs conjoncturels et des ajustements administratifs — des tendances structurelles plus durables du marché du travail.
Les chiffres fournis par la Dares et par France Travail constituent une photographie qui mérite d’être rapprochée d’autres indicateurs (taux d’emploi, heures travaillées, créations d’emploi, rémunérations) pour établir un diagnostic complet. Les publications mentionnent explicitement l’exclusion de Mayotte des totaux territoriaux, rappelant ainsi que les données couvrent l’ensemble du territoire métropolitain et des départements et régions d’outre-mer sauf cette collectivité.
Sans éluder la dégradation ressentie sur le plan économique, ces séries montrent que le marché du travail conserve des marges de dynamisme, même si la progression du nombre de demandeurs d’emploi — en particulier en catégorie A — reste une source de préoccupation pour les pouvoirs publics et les acteurs sociaux.
Les prochaines parutions de la Dares et de France Travail, ainsi que des analyses complémentaires, permettront de préciser si ces développements correspondent à une tendance durable ou à des effets ponctuels liés aux réformes et aux cycles économiques.
