Convention citoyenne sur les temps de l’enfant : généraliser les séances de 45 minutes pour mieux respecter les rythmes, favoriser projets et mixité sociale

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Trois conventions citoyennes relancent le débat sur leur rôle, avec une recommandation phare : généraliser des séances de 45 minutes pour mieux respecter les rythmes scolaires, favoriser projets et interdisciplinarité. L’expérience du Cliep (Noisy‑le‑Grand, Seine‑Saint‑Denis) illustre les bénéfices sur l’engagement et la mixité sociale — sa suppression annoncée expose le fossé entre expérimentations locales et décisions administratives.

Un débat récurrent sur la place des conventions citoyennes

Pourquoi retirer ce que les citoyens soutiennent et ce que les élèves défendent, surtout quand ces dispositifs fonctionnent depuis dix ans ? La question revient avec insistance après trois conventions citoyennes en sept ans, qui ont abordé des sujets de politiques publiques jugés essentiels : écologie, fin de vie, école.

La dernière en date, consacrée aux « temps de l’enfant », s’inscrit dans un contexte sensible : l’école traverse des tensions — épuisement des enseignants, doutes des familles et fragilisation de la confiance envers les institutions éducatives. Les recommandations issues de cette convention visent à apporter de la lisibilité et de la cohérence à l’organisation scolaire.

La recommandation centrale : des cours de 45 minutes

Parmi les propositions majeures figure la généralisation de créneaux de 45 minutes dans le secondaire. Présentée comme une mesure à la fois simple et structurante, elle est pensée pour favoriser davantage de projets, d’interdisciplinarité et une meilleure adaptation aux rythmes des élèves.

Il n’existe pas de consensus scientifique sur une durée unique idéale des séances, mais de nombreuses observations convergent pour situer la capacité d’attention des adolescents autour d’une quarantaine de minutes. Les élèves eux-mêmes l’ont affirmé lors de leur audition devant la convention citoyenne, le 7 novembre : « au‑delà de quarante minutes, ils décrochent », ont-ils déclaré.

La proposition s’appuie donc sur un faisceau d’éléments empiriques et sur le témoignage direct des principaux intéressés. Elle vise à réduire la saturation du temps scolaire et à rendre l’expérience éducative plus active.

Le cas du Cliep : une expérience locale mise à l’épreuve

Cette innovation n’est pas qu’une idée théorique. Elle est mise en œuvre depuis dix ans au collège international de l’Est parisien (Cliep), à Noisy‑le‑Grand, en Seine‑Saint‑Denis. Selon les éléments rapportés, le dispositif y a été construit progressivement par les équipes et serait largement apprécié par les élèves, qui y trouvent un rapport plus apaisé et plus engagé à l’école. Certains témoins vont jusqu’à dire qu’ils « aiment l’école » grâce à cette organisation.

Pourtant, c’est précisément ce système expérimenté localement que la direction académique de Seine‑Saint‑Denis a décidé de supprimer dès la rentrée prochaine. La décision soulève des questions sur la manière dont sont traités les exercices participatifs et les dispositifs locaux lorsqu’ils entrent en tension avec les orientations administratives.

La disparition annoncée du dispositif au Cliep illustre un clivage fréquent entre expérimentation locale et décision institutionnelle. D’un côté, des pratiques éprouvées sur le terrain peuvent convaincre élèves et équipes ; de l’autre, les cadrages administratifs ou les priorités budgétaires peuvent conduire à leur remise en cause.

Une volonté affichée de mixité sociale

Le Cliep n’est pas présenté comme un établissement privilégié. Son identité repose officiellement sur une volonté de mixité sociale. Si l’établissement accueille des élèves aux profils divers — y compris des enfants issus de milieux plus favorisés — sa création poursuivait un objectif explicite : permettre à des enfants des quartiers populaires de Seine‑Saint‑Denis (de Bobigny à Bondy, de Saint‑Denis à Stains) d’accéder à des parcours encore aujourd’hui perçus comme des filières d’excellence, et qui leur restaient longtemps fermés dans les faits.

Le débat autour du maintien ou de la suppression de l’organisation en séances de 45 minutes renvoie donc à des enjeux plus larges : qualité de l’enseignement, conditions de travail des équipes pédagogiques, équité territoriale et reconnaissance des expérimentations locales.

Dans ce contexte, la généralisation proposée par la convention citoyenne s’inscrit autant comme une réponse aux attentes exprimées par la communauté éducative que comme un signal posé sur la nécessité d’ajuster les rythmes scolaires aux besoins des élèves. Les tensions actuelles montrent toutefois que la mise en oeuvre de telles recommandations reste tributaire de décisions administratives qui peuvent, parfois, s’éloigner des expériences conduites sur le terrain.

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