Crise agricole : de la dermatose nodulaire contagieuse à l’effondrement des prix et au risque démocratique — endettement, Mercosur, débat vaccination vs abattage

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Nouvelle crise agricole centrée sur la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), mais alimentée par l’effondrement des prix, l’endettement et la menace du traité Mercosur. Conflits sur vaccination vs abattage et risques de déficit commercial mettent la profession sous haute tension.

Deux ans après les grandes manifestations agricoles parties d’Occitanie au creux de l’hiver 2023-2024, une nouvelle crise secoue le secteur. Si elle se cristallise autour de l’épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) qui menace le cheptel français, elle est multifactorielle : effondrement des prix, chute des revenus, taux d’endettement souvent insurmontables, superposition de normes et risque d’une nouvelle taxe carbone européenne. À cela s’ajoutent les inquiétudes liées au traité de libre-échange Union européenne–Mercosur, évoqué comme une menace de concurrence déloyale « si le traité … est signé cette semaine », et la perspective d’une balance commerciale agricole qui pourrait devenir déficitaire cette année, pour la première fois depuis cinquante ans.

Une crise économique et sanitaire aux implications multiples

La DNC concentre aujourd’hui les craintes : elle provoque des destructions de troupeaux et alimente un sentiment d’urgence sanitaire et économique. Sur le plan sanitaire, le débat porte sur le choix des réponses — vaccination généralisée ou abattage préventif — et sur la vitesse de mise en œuvre des mesures. Sur le plan économique, la profession fait face à des recettes en baisse et à des endettements qui fragilisent la viabilité des exploitations.

Ces difficultés financières ne sont pas seulement conjoncturelles. Elles résultent d’un empilement de facteurs structurels : baisse des prix agricoles, coûts de production en hausse, contraintes réglementaires et exposition à des marchés mondiaux volatils. Dans ce contexte, la perspective d’un déficit commercial agricole pour la première fois depuis cinquante ans illustre la gravité de la situation et nourrit l’anxiété des agriculteurs.

Tensions syndicales et fractures politiques

La crise se traduit aussi par des recompositions syndicales inhabituelles et des tensions politiques marquées. Deux syndicats traditionnellement éloignés l’un de l’autre — la Coordination rurale, souvent associée à l’extrême droite, et la Confédération paysanne, ancrée à gauche — ont convergé sur des revendications communes. Ils demandent la fin de « l’abattage systématique » et l’extension générale de la vaccination.

De son côté, la FNSEA, syndicat majoritaire, soutient le protocole sanitaire élaboré par le gouvernement, qui repose, selon les autorités, sur un consensus scientifique et prévoit l’abattage préventif des troupeaux contaminés pour protéger le cheptel. Ce désaccord sur les réponses à privilégier cristallise une défiance plus large, où se mêlent discours antiélites, anti‑État et anti‑Europe.

Cette défiance vise également les politiques et les institutions européennes, accusées par certains acteurs du terrain d’imposer des normes « technos » et « désincarnées », perçues comme éloignées des réalités agricoles. Le mélange de revendications sociales, de sauvegarde sanitaire et de rejet des normes institutionnelles rend la scène particulièrement explosive.

Réponses gouvernementales et attentes de la profession

Mardi, le premier ministre Sébastien Lecornu a pris la parole et a demandé une « accélération » de la campagne de vaccination, reprenant ainsi la main après les interventions de la ministre de l’agriculture, Annie Genevard. Le geste vise à déminer la crise sanitaire et à montrer une impulsion politique forte sur le dossier.

Cependant, de nombreux agriculteurs restent sceptiques. Ils rappellent que des mesures annoncées par l’ancien chef du gouvernement, Gabriel Attal, sur d’autres sujets structurels n’ont pas pleinement répondu à leurs attentes. Cette accumulation de promesses non tenues alimente le sentiment d’abandon et renforce la colère exprimée dans les campagnes.

Sur le terrain, les revendications combinent demandes immédiates — accélération de la vaccination, révision des protocoles d’abattage, aides financières — et demandes plus larges liées à la soutenabilité des filières : prix rémunérateurs, révision de la fiscalité, et protection face à une concurrence jugée déloyale.

Au-delà des mesures techniques et économiques, la crise met en lumière une dimension politique plus profonde : la perte de confiance entre une partie de la profession et les institutions, nationales ou européennes. Le débat ne se limite pas à des choix de santé animale, il interroge la place de l’agriculture dans les politiques publiques et la perception qu’en ont les acteurs concernés.

La situation reste évolutive. Les décisions prises dans les jours et semaines à venir, sur la stratégie sanitaire, sur les appuis financiers et sur la conduite des négociations commerciales, détermineront dans quelle mesure la colère agricole trouvera des réponses tangibles ou s’amplifiera encore.

Parlons Politique

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