Croissance française +0,5% au 3e trimestre selon l’Insee : Airbus, dépenses de défense et consommation tirent la reprise, mais risques politiques et déficit menacent

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Selon l’Insee (30 octobre), la France a progressé de 0,5 % au troisième trimestre — mieux que les +0,3 % attendus —, portant l’acquis de croissance à 0,8 %. Le rebond est porté par l’aéronautique (livraisons Airbus), la hausse des dépenses de défense et un redémarrage des achats de biens, soutenu par un contexte monétaire plus accommodant. Mais la durabilité reste menacée par l’incertitude politique et la dégradation des finances publiques.

Entre juillet et septembre, la croissance française a progressé de 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) par rapport au trimestre précédent, a annoncé l’Institut national de la statistique et de études économiques (Insee) jeudi 30 octobre.

Résultats et contexte macroéconomique

Ce chiffre dépasse les attentes : l’Insee avait anticipé une progression de 0,3 % pour le troisième trimestre. L’acquis de croissance — c’est‑à‑dire la hausse annuelle du PIB si la production restait stable pour le reste de l’année — s’établit à 0,8 % à la fin de septembre.

La performance place la France sur une trajectoire susceptible de dépasser la prévision gouvernementale de 0,7 % pour 2025, selon les comparaisons évoquées avec d’autres économies de la zone euro. Pour l’Allemagne, une croissance trimestrielle de 0,2 % était évoquée dans les relevés attendus en même temps que ceux de l’Italie. L’Espagne, de son côté, a publié une croissance de 0,6 % au troisième trimestre et vise 2,7 % sur l’année.

Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a salué « une performance remarquable », selon une réaction transmise à l’Agence France‑Presse (AFP). Il a souligné que, « malgré les soubresauts politiques et les incertitudes internationales, nos entreprises investissent, exportent et font progresser le pays ». Le ministre a par ailleurs insisté sur l’importance d’« une adoption rapide d’un budget qui préserve la confiance des entreprises et des ménages » pour maintenir cet élan, alors que les débats à l’Assemblée nationale étaient bloqués sur le volet « recettes » du projet de loi de finances.

Facteurs derrière la dynamique

L’Insee note que, sur l’ensemble du troisième trimestre, la consommation des ménages est restée globalement stable après une légère hausse au deuxième trimestre. Le recul de la consommation alimentaire a été compensé par un rebond des dépenses d’énergie et une accélération des achats de biens fabriqués.

Plusieurs moteurs expliquent la progression du PIB. D’abord, le secteur aéronautique a poursuivi son redressement après les difficultés d’approvisionnement liées à la pandémie de Covid‑19. Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, a indiqué à l’AFP que l’augmentation du rythme des livraisons d’Airbus en septembre constitue « un phénomène durable » et pourrait, « en année pleine, se traduire par 0,3 ou 0,4 point de croissance ».

Ensuite, l’intensification des dépenses de défense joue un rôle croissant. Selon l’argument avancé par certains observateurs cités par l’Insee et des économistes, la montée en charge des efforts de défense en France et en Europe contribue au redémarrage de certains segments industriels.

Enfin, la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE), résultant du reflux de l’inflation, a amélioré la situation de l’investissement des ménages, notamment dans le logement. L’investissement des entreprises reste toutefois en convalescence. La BCE était attendue pour décider de maintenir ses taux inchangés, marquant une troisième décision consécutive de ce type, selon les anticipations mentionnées dans le communiqué.

Risques et perspectives

Malgré ces éléments positifs, des risques demeurent. L’incertitude politique au niveau national et la situation dégradée des finances publiques ont déjà conduit les agences de notation S&P et Fitch à abaisser la note souveraine de la France, tandis que Moody’s a placé la note sous perspective négative.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a mis en garde contre un risque « d’étouffement progressif » pour l’économie si les tensions sur les finances publiques persistaient. Ces alertes soulignent la sensibilité de la trajectoire de croissance aux choix budgétaires et aux réactions des marchés financiers.

En somme, les chiffres du troisième trimestre montrent un rebond plus marqué que prévu, porté par l’aéronautique, certaines évolutions des dépenses intérieures et un contexte monétaire plus accommodant. Toutefois, la durabilité de cette dynamique dépendra de l’évolution du climat politique, de la trajectoire des finances publiques et des décisions des autorités monétaires et budgétaires.

Parlons Politique

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