François Bayrou a quitté « le camp de base », mais l’« Himalaya » de la dette qu’il avait décidé d’attaquer reste intact et plus massif que jamais.
Des chiffres récents qui confirment une progression
Selon le chiffrage rendu public jeudi 25 septembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la dette publique française a augmenté de 70,9 milliards d’euros en trois mois, pour atteindre 3 416,3 milliards d’euros à la fin juin.
Sur un horizon un peu plus long, la dette s’est alourdie de 187 milliards d’euros depuis juin 2024, soit une hausse de 6 % sur douze mois. Ces chiffres illustrent la persistance de la trajectoire ascendante malgré les annonces gouvernementales de maîtrise budgétaire.
Des mesures annoncées, des résultats limités
Durant son passage à Matignon, François Bayrou avait élevé la maîtrise de la dette au rang d’objectif primordial, présenté comme un enjeu moral autant que budgétaire. Pourtant, malgré des discours forts, le gel de certains crédits et la promesse d’efforts budgétaires, la hausse n’a pas été contenue.
Le constat chiffré de l’Insee montre que les politiques engagées n’ont pas suffi, à ce stade, à inverser la dynamique. La progression observée pose la question de l’ampleur des économies nécessaires et du calendrier pour les mettre en œuvre.
Une passation et des promesses renouvelées
Lors de la passation des pouvoirs, le 10 septembre, Sébastien Lecornu, nouveau premier ministre, a repris le défi où son prédécesseur l’avait laissé. Il a assuré : « On va y arriver », affirmant qu’il n’existe « pas de chemin impossible » pour maîtriser la dette.
Trois jours plus tard, devant la presse régionale, il a répété la même conviction et ajouté que « c’est toujours dans les moments de blocage et de tension que notre pays a avancé ». Ces formules traduisent une volonté politique affichée, mais ne détaillent pas encore les mesures concrètes qui permettront de freiner la progression de l’endettement.
Entre confiance et réalité budgétaire
La rhétorique politique mise sur la capacité d’action et la détermination. Reste que la traduction budgétaire de ces engagements est techniquement complexe : réduire la dette demande soit un retour significatif à l’équilibre primaire, soit une croissance soutenue, soit des ajustements structurels profonds.
Les chiffres de l’Insee rappellent que le poids de la dette est déjà élevé — au-dessus de 3 400 milliards d’euros — et que les marges de manœuvre sont contraignantes, en particulier dans un contexte où la conjoncture et les dépenses publiques restreignent les leviers immédiats.
Incidence politique et horizon
Politiquement, la montée continue de la dette est un enjeu sensible : elle alimente les débats sur la soutenabilité des comptes publics et sur la priorité à donner entre réductions de dépenses et maintien des services publics.
Concrètement, la réussite promise par le nouveau gouvernement dépendra de plusieurs facteurs : la nature et l’ampleur des économies annoncées, leur calendrier de mise en œuvre, ainsi que l’évolution de la croissance et des recettes fiscales. Sans éléments chiffrés supplémentaires, il est difficile d’évaluer la faisabilité de l’objectif annoncé.
En l’état, les données publiées par l’Insee au 25 septembre constituent un rappel net : la dette publique continue de croître, et maîtriser cette tendance nécessitera des décisions budgétaires visibles et soutenues dans le temps.