Une enquête paneuropéenne révèle une contamination généralisée
Dans une enquête menée par PAN Europe sur 66 produits alimentaires (gâteaux, pâtes, croissants, pain) répartis dans 16 pays européens, la majorité des échantillons — essentiellement à base de blé — présentent des niveaux élevés d’acide trifluoroacétique (TFA). PAN Europe, un réseau d’ONG engagé contre les pesticides, a rendu publique cette étude au lendemain d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pointant une contamination généralisée en TFA de l’eau potable en France.
Le TFA appartient à la famille des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), des polluants persistants qui s’accumulent dans l’air, les aliments, les matériaux et la peau. De nombreuses études ont décrit leur caractère nocif pour l’organisme, notamment pour les organes reproducteurs, la thyroïde, le foie et le système immunitaire.
Chiffres clés et exemples de concentrations
L’étude de PAN Europe indique qu’environ 81 % des échantillons analysés affichent des niveaux de concentration élevés en TFA. La teneur moyenne détectée s’établit autour de 78 000 ng/kg (nanogrammes par kilogramme), comparée à un seuil « recommandé par défaut » de 10 000 ng/kg mentionné dans le rapport.
Un seuil a été dépassé dans 54 des 66 produits étudiés. Dans certains aliments européens, les concentrations atteignent des valeurs très élevées : céréales irlandaises à 3 600 000 ng/kg, pain complet belge à 3 400 000 ng/kg, farine allemande à 2 100 000 ng/kg, et des produits français tels que la baguette et le croissant à 2 000 000 ng/kg et 1 300 000 ng/kg respectivement.
L’étude souligne également que le niveau moyen de TFA dans les aliments est, selon ses calculs, environ 107 fois supérieur à la concentration moyenne détectée dans l’eau du robinet, ce qui identifie l’alimentation comme la principale source d’exposition à ce composé dans la population.
Implications sanitaires et réglementaires
Les PFAS, dont le TFA, sont qualifiés de « polluants éternels » en raison de leur très grande persistance dans l’environnement. Bien que plusieurs études aient documenté leurs effets toxiques, y compris des indices de toxicité hépatique et des impacts sur la reproduction, le TFA n’est pas aujourd’hui classé par l’Union européenne comme « toxique pour la reproduction », selon le texte de l’étude.
Ces résultats pourraient relancer les débats au sein des États membres sur la gestion des PFAS et sur la nécessité d’un encadrement réglementaire renforcé. Au niveau européen, des travaux ayant déjà signalé la présence de ces composés dans l’eau avaient été publiés en 2024, rappelant la dimension transnationale du problème.
Recommandations proposées par PAN Europe
Face à ces constats, PAN Europe propose plusieurs mesures : l’interdiction des pesticides contenant des PFAS, l’application renforcée du principe de précaution pour ces polluants persistants, et un soutien accru aux agriculteurs pour faciliter la transition vers des pratiques sans recours aux pesticides, notamment l’agriculture biologique.
Le réseau insiste par ailleurs sur la nécessité d’un suivi systématique et harmonisé des PFAS dans les aliments et l’eau potable afin d’éclairer les décisions publiques et de protéger la santé publique.





