Polynésie française: 6 500 à Papeete contre la méthamphétamine, les manifestants réclament un centre de désintoxication et un renforcement des douanes — 30 000 vs 265 kg

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À Papeete, quelque 6 500 personnes ont défilé le 6 septembre contre la méthamphétamine (« ice »), qualifiée de fléau en Polynésie française. Les organisateurs réclament un centre de désintoxication et un renforcement des douanes et de la surveillance maritime, alors que les chiffres divergent (association: 30 000 consommateurs ; saisies: 265 kg).

Quelque 6 500 personnes, selon les forces de l’ordre, se sont rassemblées samedi 6 septembre dans les rues de Papeete pour une marche contre la méthamphétamine, une drogue dont la consommation est décrite par les organisateurs comme ayant « gangréné » la Polynésie française depuis deux décennies.

Une mobilisation citoyenne intermédiaire

La manifestation, initiée par la Fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie, a réuni des associations locales, des confessions religieuses, des anonymes et quelques élus, a constaté un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP).

« On souhaite que la population prenne conscience de l’ampleur de ce fléau et alerter les autorités. Le problème de l’‘ice’ [nom donné à la méthamphétamine en Polynésie] a plus de 20 ans. A l’époque, on n’a rien fait et, aujourd’hui, on voit le résultat sur le terrain », a déclaré à l’AFP la présidente de la Fédération, Kathy Gaudot.

Parcours, témoignages et conséquences sociales

La marche a permis à des proches de personnes dépendantes et à d’anciens consommateurs de faire entendre leur voix. Charles Renvoyé, membre actif de la Fédération et ancien consommateur, a rapporté être « appelé tous les jours » par des familles confrontées à l’addiction d’un proche.

« Ce matin, je suis encore allé voir une personne qui a arrêté il y a trois semaines. Elle est en pleine descente et elle explose. On parle de ceux qui sont addicts, mais on oublie les familles qui souffrent (…) Notre belle Polynésie est gangrenée », a-t-il déploré.

Les organisateurs décrivent la méthamphétamine comme une drogue très addictive. Elle est réputée pour stimuler la concentration, retarder le sommeil ou renforcer les performances sexuelles, mais elle a aussi des effets destructeurs sur le corps et sur la santé mentale.

Demandes d’actions concrètes et priorités

Kathy Gaudot a appelé les autorités, tant locales que nationales, à mener des « actions concrètes » pour endiguer le phénomène. Elle a notamment demandé des moyens supplémentaires pour la surveillance maritime et le service des douanes, ainsi que des réponses médicales adaptées.

« Un centre de désintoxication est une véritable priorité aujourd’hui. La situation est dramatique. Toutes les classes sociales sont concernées, même les personnes bien insérées », a-t-elle affirmé.

Chiffres avancés et éléments judiciaires

Selon la responsable de la Fédération, la Polynésie compterait quelque « 30 000 consommateurs » pour une population d’environ 280 000 habitants. « De ce que l’on voit sur le terrain, on est même au-delà », a-t-elle estimé.

La procureure de la République à Papeete, Solène Belaouar, a toutefois indiqué à l’AFP ne disposer « d’aucun indicateur » permettant de confirmer ce chiffre. Elle a ajouté que la consommation d’ice figurait en toile de fond de nombre d’affaires pénales.

Sur le plan des saisies, la magistrate a précisé que, depuis le début de l’année, 265 kilos de méthamphétamine avaient été saisis sur le territoire. Parmi ces quantités, 181 kilos ont été découverts à bord d’un voilier intercepté dans l’archipel des îles Marquises en juillet. La procureure a souligné que cette cargaison n’était cependant pas destinée au marché polynésien.

Constat et limites des données

Les chiffres fournis par les organisateurs et les autorités montrent un décalage : estimation associative élevée d’un côté, absence d’indicateurs consolidés côté judiciaire. Les déclarations mettent en lumière la tension entre la perception publique du phénomène et les éléments officiels disponibles.

Sur le terrain, la demande d’un centre de désintoxication et d’un renforcement des moyens de contrôle maritime et douanier traduit une volonté d’articuler réponses sanitaires et réponses sécuritaires. Les témoignages recueillis lors de la marche illustrent par ailleurs l’impact familial et social de l’addiction.

La manifestation de Papeete a ainsi servi à la fois d’alerte publique et de tribune pour des propositions concrètes. Les chiffres des saisies et les constats des acteurs locaux restent des éléments centraux du débat sur les réponses à apporter.

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