Recherche publique : la France championne d’Europe des dépôts de brevets (25 000+), portée par CNRS, CEA, Inserm; santé, biotech, semi‑conducteurs, numérique — l’OEB réclame un meilleur transfert vers Horizon Europe

Share This Article:

L’étude de l’Office européen des brevets (2001–2020) met en lumière le rôle clé des organismes publics dans l’innovation : la France a déposé plus de 25 000 demandes (près de 40 % des brevets publics européens), portées par le CNRS, le CEA et l’Inserm. Santé, biotechnologies, semi‑conducteurs et numérique dominent, tandis que l’OEB appelle à renforcer le transfert technologique et les investissements dans le cadre d’Horizon Europe.

L’Office européen des brevets (OEB) publie, le 22 octobre, une étude sur le rôle des organismes de recherche publique dans l’innovation en Europe. L’enquête couvre la période 2001–2020 et porte sur 39 États membres. Elle met en lumière la place importante des établissements publics français parmi les dépôts de brevets européens émanant d’acteurs publics et hospitaliers.

La France en première ligne des dépôts publics

Sur la période étudiée, les organismes publics de recherche français ont déposé plus de 25 000 demandes de brevets. Ces dépôts représentent près de 14 % de l’ensemble des demandes issues d’acteurs français et environ 40 % des 63 000 brevets déposés par les instituts publics européens.

Dix institutions concentrent à elles seules près des deux tiers des dépôts. En tête figurent le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Ils sont suivis par l’institut allemand Fraunhofer, spécialisé dans les sciences appliquées, et par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui occupe la quatrième place. L’organisation néerlandaise TNO complète le top 5.

Secteurs stratégiques et priorités

L’étude identifie plusieurs secteurs jugés stratégiques : la santé, les biotechnologies, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs et les technologies numériques. Ces domaines concentrent une part importante des dépôts et reflètent les priorités industrielles et de recherche en Europe.

António Campinos, président de l’OEB, rappelle le rôle moteur de la recherche publique : « La recherche publique est l’une des plus grandes forces de l’Europe », et il appelle à « accélérer le transfert de la recherche vers des technologies concrètes ». Cette injonction renvoie au besoin de mieux articuler découverte scientifique et valorisation industrielle.

Horizon Europe : cadre et ambitions

L’étude replace ces résultats dans le contexte d’Horizon Europe, le programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation sur la période 2021–2027. Le budget initial du programme s’élevait à 95,5 milliards d’euros. À la suite d’une révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel, ce montant a été ramené à 93,4 milliards d’euros à compter de 2025.

La structure du programme repose sur quatre grands piliers. Le premier vise l’excellence scientifique. Le second met l’accent sur les problématiques mondiales et la compétitivité industrielle européenne, notamment via des missions de recherche menées à l’échelle de l’Union. Le troisième pilier, intitulé « Europe innovante », cherche à faire du continent un précurseur en matière d’innovation et à améliorer l’intégration entre entreprises, recherche, enseignement supérieur et entrepreneuriat. Le quatrième pilier concerne l’élargissement de la participation et le renforcement de l’espace européen de la recherche.

Hôpitaux universitaires : des acteurs clés

Les hôpitaux universitaires jouent un rôle important dans la dynamique d’innovation. Les établissements français arrivent en tête avec 4 575 demandes de brevets, devant l’Allemagne (2 858) et le Royaume‑Uni (2 500). Ces trois pays représentent plus de 56 % des brevets déposés par les hôpitaux universitaires européens.

Parmi eux, l’Assistance Publique–Hôpitaux de Paris (AP‑HP) se distingue nettement : 1 968 demandes, soit plus de 11 % du total européen pour les hôpitaux universitaires. L’hôpital universitaire de Copenhague et l’Institut Karolinska de Stockholm figurent également parmi les plus actifs.

Yann Ménière, chef économiste de l’OEB, commente les résultats en soulignant la force du modèle européen : « l’étude montre qu’en Europe nous avons un système de recherche deeptech, basé sur la science, très puissant et très performant ». Il attire toutefois l’attention sur la question des investissements nécessaires pour passer à l’échelle et commercialiser ces innovations.

Ménière renvoie au rapport Draghi, qui rappelle la difficulté à transformer une innovation deeptech en produit commercial. Selon ce constat, la mise sur le marché de technologies issues de la recherche exige des investissements importants et de long terme.

Il souligne aussi une contrainte structurelle : le marché européen reste plus fragmenté que ceux de la Chine ou des États‑Unis, ce qui complique l’adoption rapide d’innovations, notamment dans des domaines comme les thérapies géniques.

Constats et enjeux

L’étude de l’OEB souligne une capacité scientifique et technologique significative en Europe, portée par des acteurs publics solides, en particulier en France. Le principal défi identifié est politique et économique : mobiliser les financements et les structures de soutien nécessaires pour transformer les avancées scientifiques en produits et services commercialisables à grande échelle.

Sans remettre en cause la performance des laboratoires, l’analyse insiste sur la nécessité d’un meilleur accompagnement du transfert technologique, d’une coordination accrue au niveau européen et d’investissements pérennes pour consolider la position du continent sur les marchés de rupture.

Parlons Politique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Subscribe To Our Newsletter

No spam, notifications only about new products, updates.

[contact-form-7 id="b565394" title="Untitled"]

L’actu politique, sans détour

En bref

Parlons Politique décrypte l’actualité française et internationale avec clarté et précision en utilisant l’IA.

Analyses, débats et enquêtes : notre rédaction s’engage à vous offrir une information fiable, accessible à tous et sans détour.

© 2025 Parlons Politique