SNPDEN‑UNSA : 68 % de chefs d’établissement insatisfaits, 70 % rejettent la réforme de la voie professionnelle — fuite des cadres et fracture avec le ministère

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Le SNPDEN-UNSA tire la sonnette d’alarme : 68 % des chefs d’établissement se disent insatisfaits (7 % satisfaits). Rejet massif de la réforme de la voie professionnelle et des « groupes de besoin » (70 %), critique de la communication tardive d’Élisabeth Borne — un signal fort sur la perte de cadres et la fracture entre décisions ministérielles et réalité des établissements.

La mise en garde lancée par les personnels d’encadrement de l’Éducation nationale est nette et inhabituelle. « Plus les années passent, plus l’institution perd ses cadres », a averti le SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire des chefs d’établissement des collèges et lycées, en présentant, vendredi 12 septembre, les résultats de son enquête de rentrée.

L’étude, réalisée auprès de 2 000 répondants, met en lumière une forte défiance : 68 % des personnes interrogées se disent insatisfaites des orientations ministérielles, tandis que seulement 7 % expriment de la satisfaction. Le message est d’autant plus tranché qu’il provient d’acteurs chargés de piloter les établissements au quotidien.

Des chiffres qui traduisent un malaise

Au-delà du sentiment général, l’enquête pointe des désaccords précis sur plusieurs réformes et dispositifs. La réforme de la voie professionnelle recueille un soutien marginal : seuls 3 % des chefs d’établissement la déclarent approuvée, alors que plus de 60 % s’en disent insatisfaits.

Autre motif d’irritation, les « groupes de besoin » en français et mathématiques déployés en 6e et 5e depuis la rentrée 2024 suscitent un rejet manifeste. L’insatisfaction atteint 70 % sur ce point. Parallèlement, moins de 58 % des répondants déclarent appliquer la mesure telle que prévue dans les textes, contre 74 % en 2024, ce qui indique une diminution sensible de la conformité à la mise en œuvre officielle.

Enfin, la majorité des collèges n’aurait pas mis en place le dispositif spécifique demandé pour les classes de 4e et 3e, selon les réponses récoltées. Ces chiffres illustrent une difficulté d’appropriation sur le terrain et un contraste entre prescriptions ministérielles et réalités des établissements.

Critiques sur le calendrier et la communication ministérielle

Les chefs d’établissement dénoncent aussi la manière dont les décisions sont communiquées. Selon le SNPDEN-UNSA, la circulaire de rentrée a été envoyée début juillet, « ça n’avait déjà pas trop de sens », et les dernières directives ministérielles sont parvenues le 28 août, date à laquelle la ministre Elisabeth Borne a tenu une conférence de presse. La note sur l’actualité institutionnelle précise que Mme Borne est « désormais démissionnaire ».

Pour Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-UNSA, la répétition de ces annonces tardives est symptomatique d’un problème plus profond : « Le temps pressé écrase le temps pensé. » Il résume ainsi l’état d’esprit des personnels de direction, qui est caractérisé par la difficulté à conjuguer tempo politique et préparation pédagogique.

Conséquences et limites constatées

Les retours des chefs d’établissement dessinent plusieurs conséquences concrètes : résistances à l’application stricte des textes, ajustements locaux non documentés, et une impression d’éloignement entre les orientations ministérielles et les moyens disponibles sur le terrain. Le ministère a toutefois annoncé, peu avant la rentrée scolaire, une adaptation de la réforme de l’année de terminale professionnelle, mesure qui témoigne d’une reconnaissance partielle des dysfonctionnements signalés par les équipes éducatives.

Le diagnostic formulé par le SNPDEN-UNSA n’est pas seulement chiffré : il interroge aussi la capacité institutionnelle à associer les cadres pédagogiques aux processus décisionnels. Les résultats de l’enquête traduisent une tension récurrente entre injonctions nationales et réalités locales, avec un effet sur la motivation et la fidélisation des cadres.

Sans proposer de solution dans l’immédiat, les réponses des personnels de direction appellent à réexaminer la cadence de la communication ministérielle et la mise en cohérence des dispositifs avec les ressources humaines et matérielles disponibles. Les chiffres publiés par le SNPDEN-UNSA constituent, en l’état, un signal fort sur l’état de santé des fonctions d’encadrement au sein du système scolaire.

Parlons Politique

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