« C’est la première fois que cet ouvrage pharaonique emblématique des Jeux olympiques de Paris 2024 est ouvert au public ! », s’exclame Stéphane Mandard, journaliste au service Planète du journal Le Monde.
Vendredi 19 septembre, dans le cadre du Festival organisé par le quotidien, il a guidé une vingtaine de lecteurs à la découverte du bassin d’Austerlitz, un réservoir destiné à « protéger la ville des débordements potentiels de la Seine » et à assainir le fleuve.
Un réservoir de grande capacité conçu pour stocker les eaux en cas d’orage
Le bassin d’Austerlitz peut contenir 50 000 m³, soit l’équivalent d’environ 20 piscines olympiques. En cas de fortes averses, il doit stocker une partie des eaux usées et pluviales que le vieux réseau d’égout de la capitale déverse dans la Seine lorsqu’il est saturé.
Selon le parcours commenté, l’ouvrage a fait l’objet de quatre années de travaux avant son inauguration en juin 2024, en vue des Jeux olympiques. Les visiteurs ont ainsi pu constater l’étendue et la verticalité de l’installation.
Visite souterraine : description et premières impressions
Le premier arrêt du groupe se situe devant une trappe souterraine, à l’abri de la circulation urbaine, entre le square Marie-Curie (13e arrondissement) et le métro aérien de la ligne 5. De là, des escaliers mènent aux niveaux inférieurs.
Nicolas Londinsky, chef du service technique de l’eau et de l’assainissement à la Ville de Paris, a fait descendre les participants vers les entrailles de cette « cathédrale » souterraine, située à plusieurs mètres sous terre. La température y est plus fraîche qu’en surface.
Au bas de l’escalier, le groupe a rejoint une grande salle de béton. Un labyrinthe de tuyaux de toutes tailles tapisse les murs. Une carte du réseau d’assainissement de Paris et quelques photos de chantier expliquent la topographie et l’ampleur du projet.
Les visiteurs ont découvert un réservoir profond, pouvant atteindre 34 mètres, soutenu par des piliers de béton géants. Une forte odeur d’humidité imprègne l’endroit, rappelle la nature technique et opérationnelle de l’espace.
Fonctionnement technique et limites du bassin
Interrogé sur la nature de l’eau qui s’y trouve, l’ingénieur Etienne Kleitz, chargé du projet, a été précis : « Nous ne traitons pas l’eau. Ce qui rentre dans ce bassin est de l’eau usée et ce qui en ressort est toujours de l’eau usée. »
Il a expliqué que dans ce bassin, l’eau de pluie et les eaux usées, provenant de l’usage domestique, se mélangent. Le rôle principal du réservoir est donc de retenir et de restituer des volumes d’eau pour éviter que le réseau ne déborde vers la Seine lors des épisodes pluvieux.
Parmi les visiteurs, Claude, 70 ans, passionné par les sujets sur l’eau, tient un fichier Excel dans lequel il note quotidiennement, depuis cinq ans, « le débit d’eau d’Austerlitz et des quatre lacs en amont du bassin de la Seine ». Ancien employé de banque, il s’intéresse aux décisions prises pour prévenir les crues.
Réactions des visiteurs et perspective sur la baignade
Après une heure et demie sous terre, le groupe est remonté à la lumière avec l’impression du gigantisme du chantier. Thomas, 22 ans, étudiant en environnement et milieux marins, cherchait à comprendre « les moyens techniques mis en place pour assainir la Seine ».
Le journaliste Stéphane Mandard a souligné que les investissements d’assainissement menés depuis trente ans ont amélioré la qualité de l’eau et augmenté la diversité des poissons observés, « jusqu’à une cinquantaine », selon ses propos.
Perrine, également âgée de 22 ans, a exprimé une motivation plus personnelle : « J’aimerais bien pouvoir me baigner dans la Seine, même si je ne suis pas encore très sereine. » Face à la météo quasi estivale de ce vendredi de septembre, certains participants avaient pris leurs maillots, espérant un plongeon.
Les baignades organisées côté Bercy doivent se clôturer officiellement ce dimanche 21 septembre. Le texte indique qu’il faudra ensuite attendre 2026 pour les prochains plongeons.
En synthèse, la visite publique du bassin d’Austerlitz a offert une rare occasion de mesurer concrètement les moyens techniques déployés pour protéger Paris des crues et limiter les rejets dans la Seine. Le dispositif, inauguré en juin 2024, fonctionne comme un réservoir de compensation et reste, selon les intervenants, un élément parmi d’autres d’une stratégie plus large d’assainissement.