Samedi 30 août, Édouard Philippe a pris ses distances avec des déclarations récentes de François Bayrou visant les jeunes et dénonçant le « confort » des « boomeurs » — c’est‑à‑dire les personnes nées pendant le baby‑boom d’après‑guerre. Son intervention a eu lieu lors du congrès des Jeunes Horizons, à Sucy‑en‑Brie (Val‑de‑Marne).
Refus de l’antagonisme générationnel
Sur scène, l’ex‑premier ministre a reconnu la pertinence d’interroger « cette France qui ferait une place trop limitée ou trop inconfortable à sa jeunesse ». Mais il a immédiatement tempéré cette remarque en condamnant toute logique de division. « Je ne crois pas du tout qu’on puisse faire quoi que ce soit de grand en France en segmentant ou en antagonisant une partie de la population », a‑t‑il déclaré.
Édouard Philippe a précisé qu’il n’adhérait ni à la « lutte des classes », ni à ce qu’il appelle la « lutte des âges ». Il a ainsi cherché à désamorcer un débat présenté par certains comme une confrontation entre générations.
Nuance sur les « boomeurs » et la responsabilité familiale
À propos des « boomeurs », M. Philippe a ajouté : « Je n’accuse pas les boomeurs d’égoïsme », tout en soulignant une réalité sociale qu’il juge importante. Il a rappelé que cette génération « constitue la première génération qui, arrivant à la retraite, doit souvent prendre à sa charge la situation (…) de leurs parents ».
Cette précision vise, selon lui, à contrebalancer une lecture trop simpliste des inégalités intergénérationnelles. « Donc ne rentrons pas dans une espèce de querelle des âges et pensons à ce que nous pouvons faire pour que la France fonctionne mieux », a‑t‑il conclu, en invitant à privilégier l’action collective plutôt que les accusations réciproques.
Un appel au dialogue entre partis de gouvernement
Au‑delà de la question générationnelle, Édouard Philippe a étendu son propos au paysage politique. Il a jugé nécessaire que les partis « de gouvernement » se parlent « non dans un esprit de ligne rouge », mais « de discussion » afin de stabiliser la situation politique.
Sur les décisions majeures, il a insisté sur la primauté du débat démocratique : « Quant aux décisions qui permettront à la France d’aller beaucoup mieux, elles relèvent d’un débat public de fond. Elles relèvent d’une élection présidentielle, elles relèvent d’une majorité qui permettra de les mettre en œuvre. Et aujourd’hui elles sont inatteignables », a‑t‑il ajouté.
En filigrane, le message est double : affirmer la nécessité d’une discussion interpartis et reconnaître que certaines réformes exigent une majorité politique claire pour être mises en œuvre.
Les Jeunes Horizons : revendications et mobilisation
Le congrès des Jeunes Horizons a réuni environ 700 personnes pour cet événement de rentrée. L’organisation annonce la publication prochaine de ses propositions politiques.
Marine Cazard, présidente des Jeunes Horizons, a pris la parole pour dresser un constat sévère sur la situation des jeunes : « les jeunes qui sont fatigués dans notre société ». Elle a énuméré plusieurs paradoxes perçus par sa génération : « On nous demande d’être une nation puissante, mais 20 % des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. On nous demande de réarmer démographiquement la France, mais il n’y a pas de place en crèche. On nous demande de sécuriser l’avenir, mais on n’accède pas à la propriété. On nous demande de bosser plus, mais le travail ne paie pas. »
Ces propos traduisent des préoccupations concrètes sur le pouvoir d’achat, l’accès aux services de garde, la précarité du logement et la rémunération du travail pour une partie de la jeunesse française.
Édouard Philippe, qui est candidat déclaré à l’Élysée, a ainsi tenté de concilier reconnaissance des difficultés invoquées par les jeunes et refus d’un affrontement générationnel. Son intervention a mis l’accent sur la recherche de solutions collectives plutôt que sur la stigmatisation d’une catégorie d’âge.