Député des Hauts-de-Seine et médecin, Philippe Juvin dresse un constat clinique sur l’attitude de son parti face à l’idée d’une primaire: « C’est pavlovien chez nous. Personne ne veut en entendre parler, comme les deux premières [2017 et 2022] se sont terminées par des défaites », résume l’élu, qui se dit favorable à cette solution depuis de longs mois.
Un débat relancé au conseil stratégique
Le sujet est repassé au centre des discussions lors du conseil stratégique du parti, réuni mardi 4 novembre. À dix-huit mois de l’élection présidentielle, la direction de Les Républicains (LR) a cherché à préciser son calendrier et ses modalités, sans pour autant trancher définitivement.
Bruno Retailleau, président du parti, souhaite accélérer le processus afin de désigner un candidat avant l’été. Sur le fond, cependant, Retailleau n’a pas pris de décision contraignante lors de cette réunion: il a renvoyé « au choix des adhérents » la question de l’organisation, selon ses déclarations à la sortie du conseil.
Statuts, calendrier et modalités
Les nouveaux statuts du parti, validés en septembre, encadrent désormais la procédure: ils prévoient qu’un vote sur les modalités devra être organisé début 2026 sur la base d’une proposition formulée par le président du parti. Cette disposition fixe un calendrier officiel, tout en laissant à la direction une marge d’arbitrage pour préparer la proposition soumise aux adhérents.
Lors de la réunion de mardi, le conseil stratégique a acté une étape intermédiaire plutôt qu’une décision finale. Il a approuvé la création d’un groupe de travail chargé d’étudier les différentes options — primaire ouverte, primaire fermée, ou désignation interne — à l’initiative du président du Sénat, Gérard Larcher. Ce groupe devra ensuite voir sa proposition validée en bureau politique.
Daniel Fasquelle, vice-président de LR et coauteur des nouveaux statuts avec Guillaume Larrivé, a résumé la portée de la réunion en termes limpides: « Le conseil de ce matin n’avait pas pour vocation de trancher le sujet, c’était un premier échange ». Par ces mots, la direction reconnaît que le débat est lancé, sans pour autant livrer un calendrier précis de décision.
Un enjeu interne et politique
La question d’une primaire ravive des divisions internes au parti entre partisans d’une sélection ouverte des candidats et défenseurs d’une désignation plus contrôlée. Philippe Juvin, en rappelant les échecs des primaires de 2017 et 2022, met au jour la sensibilité d’une partie des cadres: l’expérience passée influence encore les choix présents.
En pratique, l’ouverture de la primaire, sa date et ses modalités auront des conséquences sur la capacité de LR à rassembler ses troupes, à négocier d’éventuelles alliances et à préparer une campagne nationale. Le calendrier voulu par Bruno Retailleau — désignation avant l’été — vise à fournir un temps de préparation suffisamment long avant la présidentielle, sans pour autant se substituer aux adhérents pour la décision finale.
Pour l’heure, le déroulé reste formellement encadré par les statuts adoptés en septembre et par la suite des étapes internes: études et recommandations du groupe de travail, validation en bureau politique, puis vote des adhérents début 2026 sur la proposition du président. Autant d’étapes qui dessinent une procédure en plusieurs phases plutôt qu’un choix immédiat.
Sur le plan politique, ce calendrier pose une question stratégique pour LR: concilier la recherche d’un candidat compétitif dans les sondages et la légitimité interne d’une désignation par les adhérents. Le parti devra, dans les mois qui viennent, arbitrer entre rapidité et consultation interne, tandis que la mémoire des défaites antérieures pèse dans les arbitrages.





