À Clermont-Ferrand, en 2025, une série de meurtres liés au narcotrafic a profondément marqué la vie locale et suscité des réactions jusqu’au niveau national. Ces faits, inhabituels par leur gravité dans une ville dirigée à gauche depuis 1919, ont été présentés comme la justification d’un renforcement des moyens de sécurité par les autorités.
Une réponse de l’État et l’annonce de moyens supplémentaires
En septembre 2025, Bruno Retailleau, alors ministre de l’intérieur, s’est rendu sur place pour annoncer aux habitants et aux élus de la préfecture du Puy-de-Dôme un supplément de moyens au titre du dispositif « Villes de sécurité renforcée ». Lors de cette visite, il a insisté sur la nécessité « de faire la guerre » au narcotrafic, expression reprise par certains acteurs politiques et médiatiques pour souligner l’ampleur de la réponse attendue face à la montée de la violence.
Le dispositif annoncé vise à concentrer des ressources — humaines et matérielles — sur des territoires identifiés comme particulièrement touchés par les trafics et leurs conséquences. Les modalités précises, telles que le calendrier de déploiement ou le volume des renforts, ont été présentées localement comme des mesures temporaires mais substantielles pour restaurer le calme et soutenir les services de police et de justice.
L’insécurité comme thème central de la campagne municipale
La recrudescence des violences a rapidement fait basculer l’insécurité au centre du débat des municipales. Dans une ville qui n’était pas coutumière de ce niveau de délinquance organisée, ce thème est désormais exploité par différents candidats pour critiquer la gestion municipale en place. Le maire sortant, Olivier Bianchi, socialiste, brigue un troisième mandat et se voit reprocher, par ses opposants, un supposé laxisme face à ces nouvelles formes de criminalité.
À droite et à l’extrême droite, la question sécuritaire occupe une place prépondérante. Le candidat du Rassemblement national (RN), Antoine Darbois, retraité et allié à l’Union des droites pour la république (UDR), dénonce le « laxisme » du maire et plaide pour un accroissement des effectifs de la police municipale ainsi que pour son armement, estimant que celle-ci ne doit pas « se contenter d’assurer la tranquillité mais aussi la sécurité ».
Les arguments sécuritaires sont nourris par des références aux scrutins nationaux récents : aux élections européennes de 2024, le RN est arrivé en tête avec 19,9 % des voix, tandis que Reconquête a obtenu 4 %. Lors des élections législatives de juin–juillet 2024, le RN a obtenu 23,7 % au premier tour. Ces résultats, cités par des ténors locaux, servent à illustrer une progression de l’électorat d’extrême droite et à justifier l’espoir d’un meilleur score pour le RN à Clermont-Ferrand.
Un candidat peu connu qui met en avant son expérience locale
Antoine Darbois, peu connu dans la capitale auvergnate, tente de convaincre en mettant en avant son expérience politique acquise entre 2014 et 2020 à Gerzat, où il a siégé dans la majorité municipale, alors encarté chez Les Républicains (LR). Sa campagne insiste sur la capacité, selon lui, à traduire une sensibilité sécuritaire en mesures concrètes au niveau local.
Face à cette stratégie, des observateurs locaux et des acteurs de la société civile rappellent que la lutte contre le narcotrafic mobilise des compétences et des moyens qui sortent parfois du strict périmètre municipal — police nationale, justice, et politiques publiques de prévention. Le débat autour de l’armement des polices municipales et de l’augmentation des effectifs illustre ainsi la tension entre réponses symboliques et réponses opérationnelles.
Le contexte électoral et sécuritaire à Clermont-Ferrand en 2025 montre comment des épisodes de violence peuvent redéfinir les priorités d’une campagne municipale. Les annonces de l’État et les postures des candidats alimentent un débat marqué par la recherche d’efficacité opérationnelle, la responsabilité des acteurs locaux et la crainte d’un basculement politique dans une ville qui a connu une stabilité politique longue.
