La confrontation interne attendue au sein du Parti socialiste pour la désignation de son candidat à Lille n’aura finalement pas lieu. Adoubé par Martine Aubry après la démission de cette dernière en mars, Arnaud Deslandes, devenu maire de Lille, sera investi sans bataille fratricide entre militants socialistes.
La procédure prévoyait la consultation d’environ 500 votants, qui n’auront pas à trancher, le 6 novembre, entre le maire actuel et Roger Vicot, député PS du Nord et ancien maire de Lomme. Ce retrait évite une confrontation qui aurait pu exposer des divisions internes à quelques mois de l’échéance municipale.
Un retrait annoncé au nom de la prudence
Roger Vicot a surpris par l’annonce de son retrait, faite lundi 22 septembre, alors qu’il s’était déclaré candidat à la candidature il y a deux ans. La raison officielle avancée est la publication d’un sondage commandé par les instances nationales du PS. Ces dernières, selon le communiqué et les déclarations publiques, souhaitaient réduire tout risque pouvant compromettre la tenue du beffroi lillois, symbole politique fort pour le parti.
Dans la déclaration accompagnant sa décision, Roger Vicot a rappelé son engagement initial vis‑à‑vis des électeurs et des militants: « J’avais dit que si le sondage ne m’était pas favorable, je me retirerais. Je ne veux faire prendre aucun risque au PS, au beffroi et à la ville de Lille. » Il a qualifié le choix de « pas facile à prendre », soulignant la portée collective de sa décision.
Contexte local et signification du beffroi
Le beffroi de Lille a une valeur symbolique particulière pour le PS: les socialistes y sont majoritaires depuis le début du XXe siècle, hormis une brève parenthèse au sortir de la Première Guerre mondiale. La ville de Lomme, longtemps dirigée par Roger Vicot avant son intégration à Lille en 2000, représente un important vivier électoral pour la formation socialiste. C’est en grande partie grâce à ce réservoir de voix que Martine Aubry l’avait finalement emporté lors de la dernière consultation interne en 2020, avec une avance de 227 voix seulement.
La faiblesse de cette marge en 2020 explique la vigilance des instances nationales: elles ont privilégié une stratégie visant à limiter les risques d’éclatement des voix à gauche et à préserver l’emblème municipal. Le sondage cité par Roger Vicot a donc pesé dans la balance et justifié, selon les responsables nationaux, la voie de l’apaisement.
Conséquences et attente interne
Avec le retrait de Roger Vicot, Arnaud Deslandes devrait être investi sans vote contesté parmi les 500 délégués. Ce scénario évite une campagne interne potentiellement coûteuse en image et en ressources, et permet au PS de présenter une candidature unifiée face aux autres forces politiques locales.
Reste à mesurer les effets de ce compromis sur la base militante et sur l’électorat lommois, traditionnellement acquis à Roger Vicot. Les prochains mois seront l’occasion d’observer la capacité du parti à rassembler et à mobiliser cet électorat autour d’Arnaud Deslandes, en vue des échéances municipales.
Sur le plan organisationnel, l’absence de scrutin le 6 novembre fera gagner du temps aux instances locales et nationales pour se concentrer sur la préparation de la campagne, la définition d’un programme et la construction d’une coalition locale si nécessaire.
Le retrait public de Vicot, présenté au nom de la protection des intérêts du PS et du maintien du beffroi, marque un choix tactique clair: éviter la division interne pour maximiser les chances de conserver Lille. Les prochaines étapes dépendront désormais de la manière dont l’équipe d’Arnaud Deslandes articulera les forces socialistes locales, y compris celles issues de Lomme, et transformera cette unité formelle en soutien électoral effectif.